Sénégal: Sédhiou / L'enclavement routier et les accidents de la circulation inquiètent - Le piètre état des routes et les dos d'âne spontanés exacerbent le mal !

Déjà réputée pour son état d'enclavement maladif et ce, depuis bien des décennies, la région de Sédhiou vit les pires moments de cet isolement géographique. Le faible réseau routier disponible est meublé de nids de poule devenus des cratères sous l'effet des fortes pluies. A cela s'ajoutent des dos d'âne spontanément érigés par les populations comme un effet de contagion. Entre routes impraticables et rupture de pont-barrage, l'inquiétude a fini de s'installer chez les usagers de la région de Sédhiou qui en appellent à une solution diligente des tenants du pouvoir central.

L'axe Sédhiou/Carrefour Ndiaye est dans un état de dégradation très inquiétant. Les fortes pluies qui se sont abattues cette année sur la région ont transformé les nombreux nids de poule en de véritables cratères.

Les usagers ne cessent d'élever le ton pour se plaindre d'un tel état de fait à l'origine des accidents. « Nous souffrons péniblement de l'état de dégradation très avancé de ce tronçon Sédhiou-Carrefour Ndiaye. Au début, c'était des trous et ensuite avec l'hivernage, les trous sont devenus de grands fossés. Nos organes de véhicules sont cassés par ces trous. Après chaque voyage, il faut se rapprocher des mécaniciens et ça, c'est dur car nous sommes des soutiens de famille qui ne comptons que sur cette activité de transport », se désole Lamine Kouyaté, chauffeur de transport en commun des voyageurs et habitué de l'axe.

En sus du piètre état de la route, c'est le comble des dos d'âne qui irrite les usagers. Sur un linéaire de 45 kilomètres entre Sédhiou et Madina Wandifa, il y'en a au moins 35 qui sont érigés sur la route : « ce qu'il y a comme dos d'âne sur cette route est inacceptable franchement. Sur une route de 45 kilomètres, tu peux faire une heure et demie comme si c'était pour aller en enfer. C'est vraiment difficile », témoigne Abdoul Dabo, un autre chauffeur de transport.

Les dos d'âne de la mort !

Le tronçon Sédhiou Diendé est plus infesté de dos d'ânes spontanément érigés à la suite d'accidents de la circulation et sans le moindre respect des normes. Conséquence, des accidents sont devenus plus fréquents et nombreux sont les automobilistes qui y cassent leur véhicule. Le préjudice est incommensurable, rétorquent ces usagers : « ce qu'il y a trop de dos d'âne entre Diendé et Sédhiou et surtout à hauteur de Kounayan. Il est vrai qu'il y a eu des accidents de la circulation mais les autorités ont cédé sous la pression des populations pour y ériger des dos d'âne spontanés, ce n'est pas bien car la route, c'est pour circuler librement avec les urgences à gérer », lâche El Hadji Dramé, un transporteur très en colère.

Et les passagers rencontrés à la gare routière de Sédhiou en veulent vraiment aux autorités : « comment peut-on laisser les populations ériger des barricades appelées dos d'âne sur la voie publique de cette manière, c'est de l'anarchie totale. Les forces de défense sont là pour veiller à la bonne circulation et non des barrages de ce genre et n'importe où ».

Doudou lui, a perdu la cartière de son véhicule et ne décolère toujours pas : « ce n'est pas sérieux de laisser des gens ériger du béton sur la voie publique et casser nos biens matériels. Où est la responsabilité de l'Etat dans tout cela, eux qui ont fermé les yeux sur ça ? ». Quant aux populations riveraines et auteurs de ces dos d'âne, elles se contentent de dire qu'il y a trop d'accidents sur la route. Ce qui est loin d'en convaincre plus d'un, sinon, toutes les routes seraient truffées de dos d'âne, soutient-on.

Les ambulanciers que nous avons rencontrés n'ont pas souhaité s'en ouvrir à nos micros mais en off record, ils ont déploré ces nombreux dos d'âne qui rendent périlleuses les évacuations sanitaires. Sur le plan de l'économie, certains gros porteurs ont commencé à boycotter l'axe en raison des incessantes consultations mécaniques après chaque passage. Les pouvoirs publics sont donc doublement interpellés et sur la réhabilitation de cette route et la suppression ou normalisation de ces ralentisseurs qui, manifestement, ressemblent plus à un fondement de bâtiment qu'à la fonction qui lui est attribuée.

Le tronçon Sandiniéry/Tanaff en lambeaux, la détresse s'épaissit !

La détresse qui irrite les usagers de l'axe Sédhiou/Madina Wandifa est plus feutrée chez ceux de Sandiniéry/Tanaff, via le foyer religieux de Baghère. Ici, il faut par endroit bifurquer dans les concessions voisines pour se frayer le chemin, témoigne Mariama Mami Dia, une habitante de Tanaff : « l'état de cette route est cahoteux. Même les motocyclistes ont du mal à y rouler, à plus forte raison les véhicules.

Ce sont des tranchées béantes çà et là. Des chutes sur des motos, des fractures de membres et des collisions sont le lot quotidien de notre galère. Cela a accru l'isolement de notre terroir du Brassou de Sédhiou sa capitale régionale en sus du fleuve qui constitue déjà une barrière naturelle », dit-elle.

Et de poursuivre : « les évacuations sanitaires se font très difficilement sur Sédhiou aussi bien pour les malades que les femmes en état de grossesse. Du point de vue économique, c'est la croix et la bannière et nous en souffrons trop. Nous demandons à l'Etat de construire cette route car elle est la principale voie de la Cedeao qui mène en Guinée Bissau voisine », a précisé Mariama Mami Dia. Au sujet de la mobilité toujours, la rupture, la semaine dernière, du pont barrage anti sel de Diopcounda dans le Pakao a isolé bien des localités de ce terroir de l'Est de la région de Sédhiou. Et de plus en plus, s'élèvent des voix pour réclamer le désenclavement de la région de Sédhiou.

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