Un jeune ingénieur de l'École supérieure polytechnique d'Antsiranana a eu l'idée brillante de transformer le « raketa », ou cactus, en créant des sacs pour dames.
Ambitieux. « On critique souvent les produits fabriqués à Madagascar en argumentant qu'ils ne sont pas durables. Il est important de changer cette mentalité », lance d'emblée Bruno Betina, âgé de 27 ans, double ingénieur en mécatronique et matériaux, fraîchement sorti de l'École supérieure polytechnique d'Antsiranana.
Il a transformé le «raketa » ou cactus en cuir qu'il a ensuite utilisé pour fabriquer de jolis sacs pour dames. Son thème de mémoire en ingéniorat se rapportant à la transformation du gel de cactus Opuntia stricta, « raketa », en simili cuir synthétique utilisé dans les applications artisanales et industrielles, l'a conduit à ce résultat.
« Lors de la pandémie de coronavirus, j'ai d'abord voulu créer une machine capable de détecter les maladies avec un simple échantillon de sang et de proposer les traitements appropriés. Mais vu la difficulté dans la réalisation de ce projet ambitieux, en 2022, j'ai mené des recherches sur la composition d'une machine broyeuse de verre capable de transformer les déchets de verre en poudre semblable au sable », explique Bruno Betina.
Alliant ce projet de recherche avec son autre ingéniorat achevé cette année, tout en soulignant le concept écologique et économique pouvant avoir un impact direct sur la vie des populations rurales, il a choisi le cactus comme matière première à broyer dans la machine pour en faire du cuir. Il explique avoir pris 30 kg de cactus pour obtenir un mètre carré de matériau, ce qui a permis de fabriquer deux sacs à main. Il a collaboré avec une entreprise spécialisée dans la fabrication de sacs en cuir qui a créé le design.
Sud
Pour le modèle, les anses sont en cuir de zébu, le sac proprement dit est en cuir de cactus et de jolies fleurs en raphia sont cousues dessus pour avoir du style. L'idéal serait alors de multiplier ces machines broyeuses, et l'exploitation de toute la chaîne nécessite un business plan bien ficelé. Pour l'heure, l'ingénieur a déposé sa marque auprès de l'Office malgache de la propriété intellectuelle (OMAPI) en attendant de trouver la suite à donner à son projet.
D'après le chercheur, le «raketa » peut être transformé en confiture, en miel, en fromage et peut également servir de source d'électricité. Il ambitionne de créer une société de transformation de cette plante herbacée dans le sud. « Mon plus grand souhait est d'obtenir une bourse ou un stage de formation qui me permettrait de visiter de grandes entreprises à l'étranger. J'envisage d'améliorer ce que j'ai déjà réalisé jusqu'ici. Il faut apprendre des systèmes utilisés dans les pays industrialisés. Je pourrais par la suite créer une grande société dans le sud du pays », ajoute Bruno Betina.