Gouloumbou — Le directeur général de l'Agence nationale de l'aquaculture (ANA), Samba Ka, a visité vendredi, les stations aquacoles de Gouloumbou et Nétéboulou pour s'enquérir des difficultés qui entravent le développement du secteur dans la région de Tambacounda (est).
La première étape de cette visite s'est déroulée au niveau de la station aquacole de Gouloumbou, une commune située à environ 38 kilomètres de la ville de Tambacounda.
Nichée sur les berges du fleuve Gambie, la station aquacole de Gouloumbou est confrontée entre autres à des problèmes techniques et à une insuffisance de géniteurs.
"Nous avons visité une station aquacole qui n'est pas à sa pleine capacité puisqu'on à 1000 géniteurs mâles et femelles et la production en alevins n'est pas ce qu'elle devrait être", a relevé Samba Ka.
"Il y a également des problèmes techniques notamment des problèmes d'adduction d'eau, ce qui fait que certains bassins ne fonctionnent pas normalement", a-t-il ajouté.
Le DG de l'ANA a évoqué les cas de vols au niveau de ces stations de Gouloumbou et les conditions difficiles du personnel.
"On a également trouvé un personnel qui travaille dans des conditions difficiles. On nous a signalé également des cas de vols, des personnes non identifiées viennent voler le poisson qui est mis dans les bassins", a-t-il déploré.
M. kA a sur ce point a invité les populations à s'approprier ces stations aquacoles en les protégeant contre les malfaiteurs.
"Ce que nous faisons dans cette station est un bien public, c'est là où toute la région doit puiser des alevins pour aller les grossir. Donc, c'est un bien commun, il faut qu'on sensibilise davantage les populations, car cela ne devrait pas arriver", a-t-il expliqué.
Selon lui, "si cette station ne fonctionne pas, on ne pourra pas approvisionner tous les producteurs qui auront besoin d'alevins pour développer leurs activités".
À côté de la station de l'Agence nationale de l'aquaculture, les populations de la commune de Gouloumbou, regroupées en GIE ont également aménagé quatre bassins aquacoles pour développer cette activité. Mais depuis trois ans, les bassins entretenus par ces GIE ont cessé de fonctionner à cause des problèmes financiers notamment d'un budget de fonctionnement.
"Nous avons également visité une station aquacole gérées par trois GIE qui n'est pas fonctionnelle. Ces GIE sont confrontés à des problèmes de fonds de roulement. Nous sommes prêts à les approvisionner gratuitement en alevins et parfois des appuis en aliments", a-t-il promis aux producteurs.
A Nétéboulou, le secteur aquacole est à l'arrêt
Après l'étape de Gouloumbou, le directeur général de l'ANA, s'est rendu au niveau de la ferme aquacole de Nétéboulou. Aménagé en 2022, la station aquacole de 6 bassins se situe sur les berges du fleuve Gambie à 30 Kilomètres de la ville de Tambacounda.
"On a fait les mêmes constats au niveau de la ferme de Nétéboulou. C'est des bassins 1000 mètres carrés mais qui ne sont pas exploités", a-t-il également signalé.
"A Nétéboulou, les populations ont été financées pour un cycle mais le cycle n'a pas été complété. On a réalisé de beaux bassins et on a mis quelques alevins mais l'aliment a fait défaut, finalement les producteurs ont récolté avant la fin du cycle et depuis lors l'activité est à l'arrêt", a-t-il déploré.
Malgré les difficultés du secteur aquacole constatés au niveau de ces lieux visités, le directeur général de ANA a magnifié le potentiel aquacole de la région de Tambacounda, estimant que le secteur peut être un pourvoyeur d'emplois pour les populations.
"Les trois fermes que nous avons dans la région ont un potentiel de 60 tonnes par année et 60 tonnes c'est minimum 120 millions par année, donc ça se voit bien que l'aquaculture peut donner du travail aux jeunes", a-t-il argumenté.
"En termes de sécurité alimentaire, c'est aussi un secteur important parce que les populations peuvent avoir facilement du poisson frais et tout le bien de la consommation du poisson", a-t-il ajouté.
Plaidoyer pour le renforcement des moyens de l'ANA
Selon le DG, l'objectif de l'Etat du Sénégal est développer le secteur de l'aquaculture dans la région de Tambacounda pour fixer les jeunes au niveau de leurs terroirs.
"Dans le budget de 2025, nous avons prévu une petite enveloppe pour financer des projets de jeunes, au minimum un projet dans chaque région pour contribuer à lutter contre la migration irrégulière qui fait des ravages dans notre pays", a-annoncé M. Ka.
"Les gens doivent rester chez eux et pouvoir travailler car effectivement l'aquaculture est une alternative incontournable pour régler le problème de la migration irrégulière. Rien que pour 5 bassins, au moins 20 jeunes peuvent y travailler", a-t-il fait valoir.
Le Dg de l'ANA a par ailleurs plaidé pour le renforcement des moyens de l'Agence nationale de l'aquaculture afin de mieux répondre aux besoins des populations en termes investissements dans le secteur.
"La moitié de notre budget va dans le fonctionnement, ce qui fait qu'en termes d'investissement, c'est très peu, nous sommes limités mais malgré tout, on essaie de faire ce qu'on peut pour réhabiliter tout cela, pour que les stations soient à 100% fonctionnelles et appuyer les acteurs en termes de formation, d'accompagnement et de conseils", a-affirmé Samba Ka.