Jusqu'à ce que l'on connaisse l'identité de l'auteur ou des auteurs du sabotage, les semaines écoulées, des pylônes de la société Energie électrique du Congo (E²C), aggravant par le fait même les dysfonctionnements d'une société qui se cherche encore et toujours, de lourds soupçons s'orientent vers l'action d'une main experte, disons, une main experte incivique.
Car déboulonner un pylône haute tension aussitôt précipité au sol, avec un effet d'entraînement sur d'autres ; s'attaquer ensuite aux postes de distribution de l'électricité censés alimenter les abonnés ne peuvent pas être des actes de novices. Mais mettre ces inconduites sur le compte d'une saute d'humeur ou d'une quelconque revendication corporatiste ne dispense pas leurs auteurs de poursuites devant la justice pour dégradation du bien public.
Sur ce plan, heureusement pour les saboteurs et malheureusement pour les usagers, dans leur dénonciation du forfait, les responsables d'E²C n'ont pas fait allusion à l'ouverture d'une enquête devant éventuellement situer les responsabilités des personnes impliquées. Ils ont par contre dénoncé une démarche « motivée » accusant les bandits présumés de vouloir pousser à l'émeute. " Ce sont des ennemis de la paix " ont-ils fulminé devant les médias.
Comme chacun sait, l'électricité ne sert pas seulement à éclairer les habitations. Elle est la clé du bien-être collectif en raison du rang qu'elle tient dans le développement d'un pays, la consolidation de la paix sociale et la préservation de la sécurité publique. La détruire participe d'une volonté de nuire que seuls les instruments de coercition légale sont susceptibles d'éradiquer.
Or tant que ceux qui ont choisi de sectionner les lignes du dispositif électrique d'E²C ne sont pas inquiétés et courent toujours, si leur volonté est, comme on le dit, de pousser au soulèvement, ils mettront leur expertise au service d'un incivisme destiné à nuire à l'intérêt général. Décrié pour ses prestations jugées bien en deçà de la moyenne, l'opérateur public se portera encore plus mal. Pour le malheur de tous.