À la suite de l'annonce de l'accord historique, qui pourrait transformer la lutte des Chagossiens après des décennies de souffrances et d'espoir, la question cruciale qui se pose est : quel sera la marche à suivre pour eux ? Bien que l'accord mentionne la création d'un fonds de fiducie pour soutenir les Chagossiens, cette démarche reste vague tant que le traité n'est pas finalisé. La question du relogement, l'un des points clés de la lutte des Chagossiens, demeure une question importante.
Me Robin Mardemootoo, l'homme de loi du Groupe Réfugiés Chagos, souligne que l'accord de principe conclu jeudi représente un immense progrès vers le respect des droits des Chagossiens.
«Maintenant que nous avons un accord, les Chagossiens doivent être pleinement impliqués dans les négociations. Nous ne sommes plus dans un esprit contentieux, mais dans un esprit conciliatoire», déclare-t-il. Le respect des droits des Chagossiens doit être au coeur de ce processus. Cependant, il ne s'agit pas d'un changement, qui se produira du jour au lendemain, et les infrastructures sur place sont presque inexistantes.
Me Mardemootoo explique que les Chagossiens ont été en consultation avec le gouvernement mauricien concernant le Trust Fund, bien qu'aucun chiffre n'ait été communiqué jusqu'à présent. «Les gouvernements sont en train de mettre en place les structures et il est certain qu'ils prendront en compte les demandes des Chagossiens», ajoute-t-il.
Il est également essentiel de se demander si les Chagossiens, s'ils réussissent à s'installer sur leurs îles d'origine, bénéficieront d'un traitement équitable et de l'égalité de chances. Pour ce qui est du rétablissement, Me Robin Mardemootoo estime que les négociations commenceront bientôt et ne dureront pas une éternité. L'homme de loi se dit confiant que tout se déroulera dans un délai raisonnable. «Je pense qu'il y aura des paramètres de délai à respecter, car nous parlons d'un traité. Les Chagossiens sont tout aussi confiants que cela se passera bien», déclare-t-il.
En ce qui concerne les infrastructures, Me Mardemootoo confie qu'il aurait été inquiet si ce n'était que le gouvernement mauricien qui était impliqué dans cette démarche. «Nous ne pouvons pas faire le parallèle avec Agaléga. Il y aura l'aide du gouvernement britannique, qui s'est engagé à apporter son soutien pour le relogement. C'est différent», précise-t-il.
«Dans le passé, il y a eu des Chagossiens qui avaient travaillé sur Diego Garcia. Aujourd'hui, le contexte a changé. Je le répète, nous ne sommes plus dans un esprit contentieux, mais dans un esprit conciliatoire. Les Américains, auparavant, avaient peur que les Chagossiens viennent travailler sur Diego, mais désormais, s'ils sont déjà sur place et qu'il y a des postes vacants pour des personnes qualifiées, pourquoi pas ?», dit Me Mardemootoo.
L'homme de loi reste optimiste et précise que, désormais, les Chagossiens sont des parties prenantes importantes de cet accord et que leurs priorités doivent primer. «Ils s'attendent à ce qu'ils soient appelés à rejoindre le comité de négociation en tant que parties pleinement prenantes. Au début, il y avait des négociations entre deux États et les Chagossiens n'étaient pas tout à fait des parties prenantes. Je peux comprendre cela, mais aujourd'hui, c'est différent. C'est énorme ce qui est arrivé jeudi. Même si c'est le territoire mauricien, les Chagossiens doivent avoir la priorité, car ils y appartiennent. Tout comme à Rodrigues, les Chagossiens seront ceux qui décideront des politiques», conclut-il.
L'ancien Solicitor General, Me Dhiren Dabee, faisait partie de la délégation qui avait accompagné sir Anerood Jugnauth, en août 2018, aux Pays-Bas pour assister aux travaux de la Cour internationale de justice concernant les conséquences légales de la séparation de l'archipel des Chagos de Maurice en 1965. Contacté par l'express, Me Dabee a déclaré qu'il ne pouvait pas commenter l'accord à ce stade, car les négociations étaient toujours en cours pour finaliser le traité. «Les grandes lignes de l'accord ont été divulguées dans la déclaration des Premiers ministres, mais je ne peux pas en dire plus à ce stade. D'autres discussions auront lieu et le traité reste encore à être finalisé», a précisé Me Dhiren Dabee.
Il a dit
«Jonathan Powell, l'envoyé spécial du Premier ministre britannique, Keir Starmer, l'a dit aujourd'hui très clairement : Nous avons perdu à la Cour internationale de justice. Nous avons perdu devant le Tribunal international du droit de la mer. Nos conseillers juridiques nous ont donc dit : Il faut négocier. C'est vraiment le droit international, l'état de droit pour les Chagossiens et pour les Mauriciens ! C'est un très grand moment.» Philippe Sands, le principal avocat de Maurice dans le dossier des Chagos depuis 2010, jeudi, au micro de RFI, à La Haye, où il plaide dans une autre affaire.