Cinq ans après le Grand Dialogue National de 2019, la crise anglophone au Cameroun semble s'enliser davantage, remettant en question l'efficacité des résolutions adoptées lors de ces assises. Le 4 octobre 2024 marque un triste anniversaire pour un pays toujours en proie à des violences dans ses régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Initiée en 2016, cette crise a rapidement dégénéré en un conflit armé, paralysant la vie socio-économique des régions anglophones. Le gouvernement camerounais, dirigé par le président Paul Biya, avait organisé ce dialogue dans l'espoir de trouver une issue pacifique au conflit. Cependant, force est de constater que les objectifs de paix et de réconciliation sont loin d'être atteints.
Les principales résolutions du Grand Dialogue National incluaient:
1. L'octroi d'un statut spécial aux régions anglophones
2. La promotion du bilinguisme
3. Le désarmement et la réinsertion des combattants séparatistes
4. La reconstruction des zones affectées par le conflit
Malheureusement, la mise en oeuvre de ces résolutions s'est heurtée à de nombreux obstacles:
- Persistance des violences: Les affrontements entre forces gouvernementales et groupes séparatistes continuent, entraînant des pertes en vies humaines et des déplacements massifs de populations.
- Villes mortes: Les journées "ghost town" imposées par les séparatistes paralysent régulièrement l'activité économique.
- Kidnappings: Les enlèvements, souvent à des fins de rançon, restent monnaie courante, instaurant un climat de peur.
- Méfiance persistante: Le dialogue n'a pas réussi à instaurer un climat de confiance entre les parties en conflit.
- Absence des principaux leaders séparatistes: Leur non-participation au dialogue a limité la portée des résolutions adoptées.
Face à cet échec apparent, de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer un nouveau dialogue plus inclusif. Les critiques pointent notamment:
- Le manque de suivi des résolutions adoptées
- L'absence de mécanismes de contrôle indépendants
- La non-implication de médiateurs internationaux neutres
- L'insuffisance des mesures de décentralisation proposées
La communauté internationale, bien que préoccupée par la situation, peine à influencer positivement le cours des événements. Les organisations régionales et internationales appellent régulièrement à une résolution pacifique du conflit, mais leurs efforts restent largement infructueux.
Pour de nombreux observateurs, seul un nouveau dialogue, véritablement inclusif et sous médiation internationale, pourrait débloquer la situation. Cependant, le gouvernement camerounais semble réticent à l'idée d'une intervention extérieure, considérant la crise comme une affaire interne.
En attendant, la population des régions anglophones continue de payer le prix fort de ce conflit qui s'éternise. L'éducation, la santé et l'économie locale sont gravement affectées, hypothéquant l'avenir de toute une génération.
Alors que le Cameroun s'apprête à commémorer cet anniversaire, la question demeure : le pays s'achemine-t-il inexorablement vers un nouveau grand dialogue national ? Et si oui, quelles garanties pour que celui-ci ne soit pas un nouvel échec ?
La résolution de la crise anglophone reste un défi majeur pour le Cameroun. Elle nécessitera une volonté politique forte, une approche inclusive et probablement un soutien international accru pour espérer sortir de l'impasse actuelle et ramener une paix durable dans les régions anglophones.