Afrique Centrale: Le chef de la diplomatie rwandaise accuse la RDC d'avoir fait capoter les discussions de Luanda

Le Congolais Félix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame étaient à quelques mètres l'un de l'autre, pour la photo de famille qui ouvrait le sommet de la Francophonie, vendredi à Villers-Cotterêts, au nord de Paris, mais les deux chefs d'État ne se sont pas adressé la parole. Kinshasa accuse Kigali de soutenir les rebelles du M23. Lors du sommet de l'OIF, le président Tshisekedi n'a pas apprécié que le président français omette le conflit de l'est de la RDC dans son discours d'ouverture. C'est dans ce contexte que, samedi 5 octobre, le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, a accusé la RDC d'avoir fait capoter les discussions de paix de Luanda.

Le lourd différend diplomatico-militaire qui oppose leurs deux pays dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) ravagé par des décennies de violences, reste vivace, malgré les espoirs de Paris de les voir se rapprocher.

Un temps évoquée, l'idée d'une rencontre entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi n'a pas eu lieu. Le président français Emmanuel Macron, hôte du sommet, s'est finalement entretenu séparément avec ses deux homologues pour les « encourager » à conclure un accord de paix « au plus vite », alors que l'Angola, médiateur désigné par l'Union africaine, tente depuis des mois d'obtenir des avancées dans ce dossier sensible.

La RDC, de même que le groupe d'experts de l'ONU, accusent le Rwanda d'avoir déployé des troupes en soutien au M23 (Mouvement du 23 mars), qui s'est emparé de vastes pans de territoire dans cette région riches en minerais depuis 2021.

Le sommet de l'OIF a failli finir sur un clash

La crise dans l'est de la RDC a fait apparaître de fortes tensions en interne. Le président congolais Félix Tshisekedi a boycotté le huis clos des chefs d'État samedi après-midi 5 octobre et n'a pas non plus participé au déjeuner offert à la mi-journée par Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale de l'OIF. En cause : le discours d'ouverture prononcé par Emmanuel Macron. Au moment où il évoquait les crises à travers le monde, le président français n'a pas mentionné le conflit dans l'est de la RDC.

À la clôture samedi, Emmanuel Macron a appelé au « retrait du M23 et des troupes rwandaises » du sol congolais, comme le réclame Kinshasa : « Nous appelons au retrait du M23 et des troupes rwandaises. Nous appelons aussi à procéder au démantèlement des FDLR et de tous les groupes armés en RDC, et à l'arrêt des discours de haine. »

C'est dans ce contexte que le chef de la diplomatie du Rwanda, Olivier Nduhungirehe, a accusé la RDC d'avoir fait capoter les discussions de Luanda.

La dernière réunion ministérielle du 14 septembre était prometteuse, je dirais, puisqu'il y avait un plan harmonisé de neutralisation des FDLR et de levée de nos mesures rwandaises de Défense. Ce plan avait été harmonisé par les experts des trois pays, y compris l'expert de la RDC. Lors de la réunion du 14 septembre, les trois experts, y compris le chef de renseignement militaire de la RDC, avaient soutenu ce plan et demandé au Premier ministre de l'adopter. Donc, le Rwanda l'a accepté et la ministre de la RDC s'y est opposée, comme plus tard s'est aussi opposée à tout dialogue politique avec les M23 pour régler la question définitivement, alors que le Rwanda souhaitait qu'il y ait un dialogue pour s'attaquer aux causes profondes de la crise. Donc, c'est à la RDC qui a bloqué ce processus. Maintenant, l'Angola nous a invités pour une 5e réunion ministérielle le 12 octobre. On attend de voir exactement l'ordre du jour, mais on estime que c'est à la RDC, maintenant, de soutenir pleinement ce processus de Luanda.

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