Jusqu'au 17 octobre, la seconde édition de l'exposition « Interpeller le vivant » accueille ses visiteurs à Antananarivo. La thématique choisie et sur laquelle la douzaine d'artistes ont croisé leurs créations est celle des oiseaux. Ces sentinelles de la nature, excellents indicateurs de l'état de l'environnement, jouent un rôle éminemment important dans l'imaginaire collectif et la culture malgache.
Pour pénétrer dans l'exposition, il faut d'abord traverser un tunnel. Une immersion auditive et visuelle déboussolante, intitulée « Do you hear me ? ». L'installation, signée Verena Konrad, propulse le visiteur dans une forêt artificielle, où les feuilles qui tapissent les murs ont été réalisées avec des emballages, et où les chants des oiseaux ont tous été créés par ordinateur.
« Là, on est dans l'artifice », explique Ihoby Rabarijohn, la curatrice de l'exposition. « Bientôt, est-ce qu'on sera obligé d'être dans des forêts qu'on fabrique ? Voilà la question d"'Interpeller le vivant". »
« Les oiseaux représentent la résilience »
Suspendues au plafond, aux murs, des « têtes » d'oiseaux endémiques de Madagascar peintes sur des canettes écrasées. Ces portraits sont les oeuvres de l'artiste plasticien communautaire landry Randriamandroso, installé depuis 25 ans aux États-Unis.
« Pour moi, les oiseaux représentent la résilience, car ils existent encore aujourd'hui, même si nous avons modifié leurs habitats, nous avons construit beaucoup de maisons », explique landry Randriamandroso. « Ils représentent aussi l'adaptation, parce qu'ils s'adaptent à leur environnement changeant, ou ils s'éloignent et trouvent d'autres endroits pour survivre. C'est important pour moi d'accepter le fait que je participe à l'évolution de l'environnement. Peut-être que je ne coupe pas directement d'arbre, mais sans doute que le lit dans lequel je dors est fait de bois provenant d'un arbre qui faisait partie d'un écosystème quelque part. »
À ses oeuvres suspendues, répondent les vers de l'écrivain Johary Ravaloson.
Les oiseaux d'Iandryn'existent qu'à MadagascarBientôt n'existeront plus, ni ci, ni là, nulle part.Ne demeurera que la mélancolie des ailes perdues
Entre esthétisme et poésie, l'exposition interroge et rappelle combien cette Grande île et ses êtres ailés méritent qu'on en prenne soin.