L'agence de notation américaine Moody's a abaissé le 4 octobre 2024 la note du pays ouest-africain à B1, en raison d'un déficit budgétaire et d'un endettement nettement plus importants que prévu.
Moody's tire les conséquences de l'audit des finances publiques réalisé par les nouvelles autorités de Dakar. Ces dernières ont révélé la semaine dernière que le déficit budgétaire atteignait 10% du produit intérieur brut, deux fois plus qu'annoncé par le gouvernement précédent. Et que l'endettement frôlait les 84% du PIB, 10% de plus qu'annoncé précédemment.
L'agence Moody's souligne que le poids élevé de la dette du pays « constitue une contrainte de crédit majeure qui réduit sa capacité d'absorption des chocs, notamment au vu des faibles niveaux de richesse, et rend le gouvernement plus vulnérable à des coûts de financement plus élevés ».
L'agence de notation américaine abaisse donc la note du pays de « Ba3 », la catégorie spéculative, à B1, la catégorie très spéculative. On est encore loin du défaut de paiement caractérisé par la note C, mais cela signifie que le risque associé au Sénégal augmente. « Les taux d'intérêt qui lui sont appliqués vont grimper, précise Jean-Michel Huet, associé chez BearingPoint. Cela va forcer le gouvernement à être vigilant et à discuter avec le Fonds Monétaire International », qui a revu à la baisse la croissance du pays, de 7,1% à 6%.
Dakar promet de réduire son endettement
« Après la déclaration du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko montrant l'ampleur de la dette du Sénégal, on attendait une réaction épidermique des marchés, commente de son côté l'économiste sénégalais Meissa Babou. Le pays est sous surveillance, reconnaît-il, mais avec les perspectives économiques et l'engagement du pays à corriger tout cela dans le court terme, la confiance devrait revenir ». Les autorités de Dakar ont promis de réduire le déficit en 2025 et de faire revenir l'endettement sous les 70% du PIB.