Les Nations unies s'inquiètent de possibles exactions commises par l'armée soudanaise alors qu'elle est en train de reprendre du terrain dans Khartoum. L'armée a lancé une importante offensive il y a dix jours et repris le contrôle de plusieurs quartiers de la capitale, auparavant aux mains des paramilitaires. C'est le cas de quartiers dans Khartoum Nord... où l'armée est accusée d'avoir procédé à des exécutions sommaires de civils, notamment des jeunes hommes, soupçonnés de collaborer avec les Forces de soutien rapide (FSR).
Selon Samier Ali Makeen, de l'organisation Avocats d'urgence, plusieurs dizaines de jeunes hommes auraient été exécutés lors de cette offensive. « Selon les informations que nous avons pu recueillir, certaines personnes ont collaboré avec les Forces de soutien rapide. Et quand l'armée a pris le contrôle du quartier d'Alfaya, ces gens soupçonnés de collaboration ont été arrêtés et abattus par l'armée. Sur des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, on entend les soldats les accuser d'être des collaborateurs... Mais 'collaborer' peut vouloir dire plusieurs choses !
Ces hommes auraient du être traduits devant la justice... il faut d'apporter des preuves qu'ils sont des paramilitaires ou qu'il ont collaboré avec des paramilitaires.
Cet incident nous inquiète, car ce n'est pas la première fois que l'armée agit de cette façon. On nous a rapporté des cas similaires à Omdurman et dans les mont Nuba.
Et l'armée n'est seule (en cause), les deux belligérants se livrent à ce genre d'exaction », explique t-il au micro d'Alexandra Brangeon, de la rédaction Afrique.
Une enquête approfondie nécessaire
Pour Radhouane Nouicer, responsable des droits de l'homme au Soudan pour l'Onu, ces rapports sont à prendre très au sérieux.
Il appelle à une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités. « Il y a suffisamment de raisons de penser que ce sont des membres des Forces armées soudanaises ou de leurs alliés. Il y a ce qu'on appelle la brigade Bara bin Malik... Certains ont commencé à prendre la fuite et on leur a tiré dessous. Je ne sais pas à quel groupe ils appartiennent. Certains disent que ce sont des jeunes qui assistent dans le cadre de l'aide humanitaire, d'autres disent que ce sont des membres de RSF, d'autres disent que c'est des pilleurs qui prennent la fuite... Je n'en sais rien !... Et il faut des investigations approfondies et impartiales pour déterminer les responsabilités. Je n'accuse personne. Comme je l'ai dit dans ma déclaration, même la guerre a des règles ! »