Sénégal: Fin à Ankara d'une formation sur le journalisme en temps de guerre

 Quelque vingt-cinq journalistes venus d'Afrique, d'Amérique latine, d'Europe et du Moyen-Orient ont bouclé, vendredi, à Ankara, une formation de 12 jours d'affilée, consacrée aux pratiques du journalisme en temps de guerre.

Cette formation à sa 26e édition cette année est une initiative de l'Agence de presse Anadolu et de l'Agence turque de coopération et de développement (TIKA), en collaboration avec l'académie de police de la Turquie.

Des journalistes turcs y prennent part, aux côtés de confrères venus de Djibouti, d'Éthiopie, de la Géorgie, du Kenya, du Liban, de la Libye, du Mexique, du Niger, d'Ouganda, de la Palestine, de la Russie, du Sénégal et du Tchad.

Alliant la théorie et la pratique, elle est dispensée par des journalistes et des techniciens de l'Agence de presse Anadolu, de l'académie de police du pays.

Outre les parties théoriques portant essentiellement sur le terrorisme et les terminologies de la guerre, la géopolitique du Moyen Orient et la psychologie de la guerre, les participants ont également été initiés sur les premiers secours.

Des compétences que l'on ne souhaiterait jamais avoir l'opportunité de mettre en pratique

Les procédures et comportements de sécurité lors d'un tremblement de terre ont été également expliqués à la vingtaine de journalistes après un exercice de simulation de séisme de magnitude 6,5, à travers l'organisme turc de gestion des urgences et des catastrophes, AFAD.

Plus les jours passaient, plus les participants faisaient la découverte de choses et de réflexes élémentaires parmi les plus essentiels à détenir face à un monde de plus en plus fragilisé par des guerres et des catastrophes naturelles.

C'est le cas avec la technique de sauvetage dans l'eau, pour un subsaharien qui n'a jamais fait de la nage dans sa vie.

Le fait de se débrouiller dans l'eau pendant près de 45 minutes sous la présence vigilante des instructeurs de l'académie de police, a été la meilleure manière d'envisager toute la détresse et la souffrance d'un rescapé au fond de la mer méditerranéenne plus agitée que ce lac semi artificiel situé à plus d'une heure de voiture d'Ankara.

Devant la peur et les doutes d'un participant pour se jeter dans l'eau, le chef des instructeurs en charge de la formation des participants avait cette phrase désarmante pour vous encourager et vous rassurer: "on dirait que vous ne faites pas confiance à mes hommes ici présents".

La formation aux techniques avancées de conduite d'un véhicule, le self défense, se déplacer dans une zone de mines et la reconnaissance d'objets piégés avec des explosifs se sont révélées des compétences que l'on ne souhaiterait jamais avoir l'opportunité de mettre en pratique.

Il en est de même pour le reflexe devant le kidnapping, l'embuscade, le maniement d'une arme et la gestion de la respiration au moment du tir.

Lors d'une visite aux participants, le président-directeur général (PDG) de l'Agence de presse Anadolu, Serdar Karagoz semblait donner une réponse aux différentes interrogations que pouvait se poser un participant préoccupé par la paix : "on ne souhaite pas cette expérience aux journalistes. Mais au rythme où va le monde, il faut être réaliste et se préparer à tous les scénarios possibles".

Avertis à l'avance sur la difficulté aux plans physiques et psychologiques de certains aspects de la formation, les participants ont été au bout des surprises avec les 48 heures passées avec les éléments des forces spéciales.

La partie, commencée par des cours théoriques et des moments de sympathie autour d'un café et du thé, a dissimulé bien plus de surprises qui attendaient les participants.

C'est le cas avec cet instructeur sympathique, qui, dès qu'il a appris la présence d'un sénégalais dans le groupe s'est entrepris de le retrouver pour parler de footballeurs du Sénégal.

Si le bonhomme avait de beaux souvenirs sur le joueur sénégalais Moussa Sow qui a fait le championnat turc, il n'a pas manqué de se moquer de son compatriote Sadio Mané qu'il suivait beaucoup lors de son passage à Liverpool, dans l'élite du football anglais.

Il s'est permis un jeu de mots à chaque fois qu'il rencontrait le participant sénégalais : "Mané or money". Comme pour dire en filigrane que le numéro 10 des Lions a fait son transfert en Arabie saoudite pour des considérations plus financières que footballistiques.

Des moments de sympathie comme celui-ci cachaient mal la surprise attendue au terme de cette formation alliant théorie et pratique.

Surtout quand les participants, qui semblaient apprécier la discipline et la performance de ces éléments constitués d'unités d'élites de l'armée turque, ont cherché à immortaliser ces moments par des photos et selfies. Devant le refus compréhensif des soldats pour des questions de sécurité, le naïf pensait que l'on était fini avec ces hommes.

Au beau milieu du chemin du retour, un confrère futé du Tchad a dit à ses camarades : les gars on a jamais pris cette route. Un autre du Niger qui ne se doutait de rien de lui rétorquer : l'essentiel c'est de rentrer à l'hôtel et se reposer.

À la minute près, des hommes sortis de nulle part ont intimé au chauffeur l'ordre de s'arrêter avec des tirs nourris de kalachnikovs.

Les hommes sont entrés dans le bus en bandant les yeux de tout le personnel à bord et qu'ils ont conduits dans un lieu inconnu, toujours au rythme des tirs et des cris de la sorte que faites-vous ici.

Même si on savait d'avance que tout ce qui va se passer dans les douze jours entrerait dans une logique d'entraînement et de formation, on ne pouvait s'empêcher de penser par moments que c'était de la réalité.

Tant le scénario était bien écrit en créant l'effet de surprise et de panique dont la gestion et la maîtrise ont rythmé les enseignements des instructeurs militaires le long de la formation.

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