Il est clair, nous dit un élu de la majorité, que pour Lakwizinn, ce n'est pas la performance d'un(e) ministre ou d'un(e) Parliamentary Private Secretary (PPS) en tant que tel qui compte, mais sa capacité à se faire réélire. Et là, hormis les casseroles qu'il ou elle traîne, c'est surtout le travail sur le terrain qui aura le plus pesé dans la balance.
Ainsi, ceux et celles qui n'ont pas su ou pu garder le contact avec le terrain et les électeurs par négligence ou paresse, ou alors ceux qui se sont arrangés pour s'attirer les foudres des citoyens dans leur circonscription, seront donc privés de ticket. Une petite enquête du National Security Service aura sûrement aidé à dresser la liste.
Dans certains cas, on ne peut pas parler de performance pour des ministères «peu visibles», comme celui d'Avinash Teeluck ou d'Anjeev Ramdhany. On apprend dans la foulée que Teeluck, qui n'a pas décroché le gros lot cette fois, fait contre mauvaise fortune bon coeur : il sera campaign manager des candidats qui le remplaceront au no 6. On ignore si Ramdhany, lui, a accepté de travailler comme garde du corps pour ces mêmes candidats.
Contrairement aux ministres sortants, les PPS eux sont jugés presque exclusivement par rapport à leur proximité avec leurs mandants quand il s'agit de décrocher le ticket tant convoité. Ce sont eux qui ont pour mission de résoudre les petits tracas et gros problèmes des habitants. À ce propos, on peut dire que Tania Diolle, qui est la seule PPS à obtenir un ticket, a été très active dans sa circonscription no 18 bien qu'elle ait été mutée au no 14.
Sinon, parmi les élus de 2019 issus des rangs de la majorité qui seront privés de tickets, on retrouve ceux qui ont été la source des plus gros scandales ayant frappé le régime. Non seulement seront-ils difficilement réélus mais le fait de les maintenir sur la liste des candidats aurait provoqué des critiques qui rejailliront sur les autres et qui pourrait bien entendu, par ricochet, rejaillir sur le Premier ministre sortant, à qui on reprochera de tolérer toujours les brebis galeuses.
Selon une source au Prime Minister's Office justement, Yogida Sawmynaden arrive en tête de liste des... «non-ticketables». Nul besoin de revenir sur toute l'affaire entourant l'assassinat de l'agent orange Soopramanien Kistnen et les achats sous les procédures d'urgence pendant le Covid. «Il n'est pas question de faire planer le spectre de Kistnen sur ces élections», nous dit-on.
L'affaire Stag Party
Vient ensuite le duo du no 7, Maneesh Gobin et Rajanah Dhaliah, toujours empêtrés dans l'affaire Stag Party et ses liens avec Franklin. Bien que Maneesh Gobin ait été le fer de lance du MSM - il en fut et est toujours le président - et malgré le fait que c'est lui qui était envoyé à chaque fois au front pour défendre ses collègues, lors de conférences de presse, notamment, l'affaire Stag Party aura eu sa peau. Et il ne sera pas de la fête, apprend-on.
D'autre part, on ignore ce qui est reproché exactement au PPS Vikash Nuckcheddy. Selon une source, il a fait les frais «du désir de renouveau au sein du MSM». Pourquoi lui, alors qu'il ne traîne aucune casserole ? Réponse : «Il a fait son temps.» Pourtant, on se souvient de Nuckcheddy comme celui qui répondait toujours présent face aux médias pour défendre ses camarades dont Kailesh Jagutpal, lors de la polémique entourant les conditions d'hygiène à l'hôpital de Flacq.
Ainsi, si Jagutpal a obtenu son ticket, c'est un peu grâce à Nuckcheddy qui, lui, repart bredouille, ironise notre source. «Voilà ce qui arrive quand on fait preuve d'esprit d'équipe!»
Puis, il y a le cas de Zahid Nazurally, qui est particulier. Il s'est montré trop neutre, trop juste en tant que Deputy Speaker et pas assez partial comme Phokeer, dit-on. Il nous disait, il n'y a pas si longtemps d'ailleurs, que ticket ou pas, «l'important c'est que j'ai toujours été dicté par ma conscience». Et il a été plusieurs fois applaudi par l'opposition et la presse, mais pas par Lakwizinn. Ah oui, on lui reproche également d'avoir défendu le journaliste Al Kizr Ramdin en cour contre son employeur.
Jetons ensuite un coup d'oeil au dossier de Teenah Jutton. Elle a été mise à l'écart malgré le fait qu'elle était très active comme PPS dans sa circonscription. Des sources affirment que l'estime que lui portait le Premier ministre aurait fait des jaloux. Qui auraient profité de l'épisode photoshop - référence à une publication sur sa page Facebook où sa photo avait été manipulée, la montrant à côté de travaux entrepris au niveau de trottoirs - pour la descendre. Elle qui, pourtant, même au Parlement, n'hésitait pas à prendre la parole pour défendre son leader.
Autre sacrifiée : Sandra Mayotte. Qui aurait mis les derniers coups de pioche aux côtés de ses collègues lors d'inaugurations de logements sociaux récemment. Elle a dû céder son ticket à Tania Diolle, nous informe-t-on. Or, il n'est un secret pour personne qu'elle a changé de circonscription comme PPS, passant du 14 où elle a été élue au 19. Pourquoi ? Ses «fréquentations à Rivière-Noire faisaient jaser».
Par ailleurs, s'il y a un PPS qui semble se moquer complètement d'avoir ou pas un ticket, c'est bien Gilbert Bablee. Jamais une demande faite en public, jamais un reproche adressé à qui que ce soit. C'est le silence radio. Sa discrétion pour un journaliste est frappante. Toutefois, on se rappelle que Bablee est rentré dans sa coquille après qu'il a été l'objet de railleries sur son désir de transformer Vacoas en Manhattan et sa prestation lors de l'affaire baptisée Pagaille en direct, au micro de l'animatrice Anabelle Savabaddy en 2022.
Le nom de Subhasnee Luchmun Roy est également cité parmi ceux et celles qui n'auront pas d'investiture aux prochaines législatives. Sharvanand Ramkaun aurait, lui, payé pour sa trop grande discrétion. Cela, bien qu'il bosse dur comme PPS dans la circonscription no 5. Officiellement, on parle d'un ennui de santé.
Quid de Kalpana Koonjoo-Shah, aussi connue come KKS ? Si on la disait en ballottage défavorable dans la course à l'obtention des tickets, selon nos dernières informations, elle ferait un forcing pour en décrocher un même si ce n'est pas au no 7. Pour se faire aider, elle se serait tournée vers les associations socioculturelles qu'elle a pourtant snobées pendant qu'elle était ministre...
Finalement, attardons-nous un court instant sur le dossier de Deepak Balgobin, qui est disposé lui aussi à changer de circonscription pour ne pas subir l'humiliation d'être privé de ticket. Il se verrait bien au no 8 mais les agents de cette circonscription regardent ailleurs quand on leur propose son nom. Ont-ils peur que celui qui s'est rendu célèbre avec l'épisode *«laptop eklate» ne se rende coupable de quelque éclat qui pourrait nuire au parti ?