Madagascar: Nos illusions, fonds de commerce sans fond du politique

Bercez la population avec ses propres illusions si vous voulez faire de la politique et plus vous puisez dans cette voie plus vous vous maintiendrez au pouvoir. Comme illustration, le paysage politique qui nous est contemporain offre de nombreux exemples, il suffit de râcler notre fond de mémoire pour les voir apparaître. Le politique (le personnel) pour y arriver, il lui faut discerner les besoins et les illustrer avec perfection.

Par exemple, le besoin de mobilité moderne affecte la liberté de tous. Il s'agit d'un besoin intemporel, c'est-à-dire permanent. S'en convaincre d'abord et créer la solution pour que tout le monde soit satisfait et soit prêt à mettre sa patience à l'épreuve ensuite. Dans le même chapitre, le génie politique matérialise l'illusion en montrant une maquette de tramway illuminée à faire pâlir non seulement un enfant devant un jouet mais aussi les adultes qui se voient dans un avenir de bien-être.

Près de vingt ans après, le communicateur devenu politicien incarne encore dans l'imaginaire collectif la modernité. Plus tard, il modulera nos illusions avec d'autres besoins enrobés de modernité. Autre exemple, une marque de voiture qui nous soit propre et fabriquée sur place. Pourquoi pas ? dirions-nous. Avant, il y avait bien eu les « 4L Tsitonta » ; les « 2CV Mafy be » ou maintenant les « Karenjy », l'illusion est encore gonflée parce qu'il s'agit d'un Gascar 4x4 en plus.

Et bien d'autres projets sans suite vont encore venir et dont le crédit n'est pas un problème puisque que leurs présentations se font devant des parterres de gens honorables au-dessus de tout soupçon de naïveté. Quand on dit que « les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent », ces bonnes gens sont, soit des imbéciles heureux, soit des figurants volontaires et complices de longues séries de duplicité. On ne vise personne, n'est-ce pas Mesdames et Messieurs, les chers invités ?

Mais on peut se demander et dire qu'on peut tromper le monde une fois, mais il est plus difficile de le refaire. Alors, pour calmer les incrédules, on réalise un début vraisemblable et autant que possible dans les règles de l'art, mais seulement le début, de quoi ne pas faire languir les futurs bénéficiaires et les bailleurs de fonds. Après advienne que pourra, dit-on. Pour s'en convaincre, voyez un peu derrière les marchands de « Petite Vitesse » des voitures repeintes à neuf mais qui moisissent à grande vitesse, ou le ciel garni de Trains Volants Identifiés mais encore illusoires.

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