Le sommet de la Francophonie s'est achevé par une réunion à huis clos entre les chefs d'État et de gouvernement. Lors de cette dernière journée, le président de la République a exhorté la communauté internationale à agir avec équité face aux défis actuels.
Une interpellation. Durant une réunion à huis clos, le dernier jour du 19e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Andry Rajoelina, président de la République, a interpellé ses pairs sur les inégalités dans les réactions internationales face aux questions mondiales.
"Chaque année, sur le continent africain, plus de trois millions d'enfants meurent de malnutrition. Ce chiffre est alarmant et, pourtant, les fonds alloués pour sauver des vies ne sont pas à la hauteur de cette tragédie", a déclaré le locataire d'Iavoloha durant la table ronde à huis clos des chefs d'État et de gouvernement de l'OIF, samedi. Ces mots dénoncent les deux poids, deux mesures de la communauté internationale, en particulier des pays développés, face aux crises globales.
Le locataire d'Iavoloha a souligné l'écart entre les subventions accordées pour faire face à l'insécurité alimentaire et celles allouées à la guerre en Ukraine. "La guerre en Ukraine a engendré une mobilisation internationale massive de plus de 200 milliards d'euros", a-t-il affirmé. En revanche, les soutiens au développement sont distribués au compte-goutte, tout comme les investissements ayant un impact sur le développement durable.
Comme le souligne le communiqué de presse de la présidence de la République, Andry Rajoelina "a rassemblé les pays membres de la Francophonie autour de la lutte contre l'insécurité alimentaire, une cause qui lui tient particulièrement à coeur (...)". Bien qu'il ait évoqué la lutte contre l'insécurité alimentaire, il a également mis en avant la lutte contre le changement climatique, un domaine où les grandes puissances hésitent à investir.
Alors que les financements climatiques sur lesquels se sont engagés les pays, qui sont aussi les plus pollueurs, tardent à arriver, les États en développement se voient également imposer des restrictions climatiques. Ces restrictions, sur plusieurs aspects, ont des conséquences économiques et sociales. Pour Madagascar, l'acquisition de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), un programme de financement du Fonds monétaire international (FMI), s'accompagne de conditionnalités drastiques.
Équitable et inclusif
Les conditions imposées pour les séries de décaissements de la FRD s'alignent aux impératifs de la lutte contre le changement climatique, certes. Mais elles nécessitent des mesures d'accompagnement tout aussi rigoureuses et coûteuses pour éviter un choc socio-économique qui touche directement les ménages. Pour des pays vulnérables comme la Grande île, s'y conformer n'est pas une mince affaire. D'autant qu'elles risquent de mettre à l'épreuve la résilience des foyers.
"Nous, chefs d'État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, réunis les 4 et 5 octobre 2024, à l'occasion du 19e sommet de la Francophonie en République française (...) restons engagés face au défi du financement climatique et rappelons qu'aucun État ou gouvernement ne devrait avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la préservation de la planète," souligne la déclaration du sommet de l'OIF.
Les financements peuvent, justement, aider les pays en développement à atténuer les effets socio-économiques des réformes nécessaires à mettre en oeuvre face aux enjeux climatiques. Ils doivent aussi permettre aux États vulnérables d'être plus résilients et de mieux répondre aux dégâts causés par les catastrophes naturelles. Avec une succession de sécheresses et de violents cyclones, Madagascar fait partie des pays insulaires qui subissent de plein fouet les conséquences du bouleversement climatique.
La déclaration du 19e sommet de la Francophonie rappelle que "le financement climatique est une pierre angulaire de l'effort mondial de la lutte contre le changement climatique, et souligne, à cet égard, l'importance du Fonds pour les pertes et dommages établi lors de la COP 27 [27e Conférence des parties sur la lutte contre le changement climatique] à Charm el-Cheikh, en reconnaissant son rôle dans la prise en charge des impacts négatifs du changement climatique."
Sur Instagram et sur X, vendredi, à l'entame du sommet de l'OIF, Andry Rajoelina a appelé à "l'unité et la solidarité" dans l'espace francophone, face aux différents défis actuels. Des États qui se sont engagés à participer au fonds pour le climat sont membres de l'Organisation. La traduction en acte de leurs engagements serait une preuve de leur solidarité envers les pays francophones plus vulnérables.
"Pour un multilatéralisme renouvelé" est le thème de la table ronde à huis clos à laquelle a participé le président Rajoelina, samedi. Une thématique qui cadre avec son appel à plus de solidarité et d'équité. À la tribune des Nations unies, durant le sommet de l'avenir, en septembre, Rasata Rafaravavitafika, ministre des Affaires étrangères, a indiqué que, pour Madagascar, le multilatéralisme "doit être plus inclusif, plus équitable et plus dynamique pour que les besoins des pays vulnérables, des pays insulaires en développement soient pris en compte."