Des hôpitaux sans eau. Même en temps de guerre, on n'a jamais vecu ça. Les malades à l'hôpital militaire de Soavinandriana doivent apporter des bidons d'eau pour leurs besoins en toilettes. C'est la triste réalité dans l'un des plus anciens établissements hospitaliers de Madagascar. Le manque d'eau ne fait donc pas de distinction et frappe un hôpital public réputé dans le passé pour ses bons traitements des patients. Une situation juste surréaliste.
Mais au fil du temps, « la qualité de service » s'est détériorée. Même l'état général de l'hôpital a pris un sérieux coup de vieux. Visiblement cela fait plusieurs années que certains bâtiments n'ont pas été caressés par une truelle, léchés par un pinceau. Heureusement, il reste la compétence et la volonté des médecins soignants qui réalisent des prodiges malgré toutes les difficultés.
À l'image d'autres endroits sensibles, les hôpitaux semblent avoir perdu le respect qu'on leur doit. Même l'environnement extérieur des hôpitaux est d'une austérité extrême et ne contribue guère à une guérison rapide. Et les hôpitaux ne bénéficient plus des traitements spéciaux octroyés par la loi.
À Mahamasina, l'accès à la maternité et à l'hôpital de Befelatànana ressemble à un parcours de combattant avec les marchands de rue qui obstruent les rues. Le jeudi, jour du marché hebdomadaire, accéder à ces deux établissements relève d'un miracle.
Même les ambulances ont toutes les peines du monde pour s'y faufiler. L'interdiction de klaxonner n'a plus aucun sens, même si elle est matérialisée par un panneau. Pire, les parturientes à la maternité en particulier et les malades en général passent une soirée d'enfer avec les lourdes explosions des feux d'artifices lors de la fête nationale. Des naissances prématurées auraient été enregistrées.
On n'oublie pas les coupures d'électricité qui auraient causé ou pourraient causer la mort de malades placés sous oxygène.
L'eau et l'électricité constituent tout de même un minimum vital dans un hôpital public où les médicaments comme les soins sont déjà à la charge des malades. À cause de la faiblesse du pouvoir d'achat et de la pauvreté, les hôpitaux constituent une antichambre de la mort pour la majorité de la population. Sans eau et sans électricité, l'espoir de survie est quasi nul.
On ne peut pas laisser cette situation perdurer davantage. Même en pleine guerre, on ne tire pas sur l'ambulance. On fait pire.