Au Sénégal, l'ex-président du pays Macky Sall a adressé sa démission au président français qui l'avait nommé au poste d'envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P). Six mois après la fin de son deuxième mandat, l'ancien chef de l'État sénégalais est de retour en politique pour les législatives anticipées du 17 novembre 2024.
Au Sénégal, l'ex-président Macky Sall (2012-2024) met fin à ses fonctions d'envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), ce poste auquel l'avait nommé le président français Emmanuel Macron il y a un an.
Une démission pour se consacrer pleinement aux législatives du 17 novembre pour lesquelles il a été investi tête de liste de la coalition d'opposition Takku-Wallou.
Macky Sall, qui n'était pas candidat à la dernière présidentielle, interdit de prétendre à un troisième mandat, officialise ainsi son retour en politique dans son pays. Retour officialisé par le biais d'une lettre adressée au président français et rendue publique sur les réseaux sociaux.
Dans ce courrier, Macky Sall explique vouloir « éviter tout risque d'incompatibilité et de conflit d'intérêt » avec le fait qu'il soit lui-même candidat aux législatives.
Ce poste d'envoyé spécial au 4P avait été proposé par Emmanuel Macron à Macky Sall, parce qu'il avait finalement décidé de ne pas se présenter à un troisième mandat.
« Macky Sall était pressé de quitter la présidence mais pas la politique »
La présidentielle passée, le voilà donc de retour pour les législatives anticipées. « Macky Sall était pressé de quitter la présidence mais pas la politique », répond son ex-porte-parole, Yoro Dia.
Dans son entourage, on dit que c'est pour donner un maximum de chance à son camp et à l'opposition de gagner ces législatives, pour imposer une cohabitation au parti au pouvoir, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef).
« En six mois, les Sénégalais ont pu voir les errements et les limites de ce nouveau pouvoir. Ce sera à eux de choisir », affirme Yoro Dia.
Mais d'autres analystes estiment qu'avec ce retour en politique, Macky Sall tente le tout pour le tout pour éviter une majorité écrasante au Pastef. « C'est le contexte de réédition des comptes qui incite Macky Sall à revenir en politique », affirme Elimane Haby Kane du centre de réflexions Legs Africa. « Il veut tout faire pour éviter une majorité écrasante au Pastef pour lui donner les mains libres à l'Assemblée nationale. »
Éviter entre autres la possibilité que l'Assemblée nationale vote et installe la Haute cour de justice, la seule institution qui serait en droit de poursuivre un ancien chef de l'État. Empêcher aussi que l'ex-président Macky Sall puisse être accusé de « haute trahison », car c'est aux députés de l'Assemblée nationale d'en décider avec une majorité des trois cinquièmes des membres les composant. « Ce sont des stupidités », répond l'ancien porte-parole de Macky Sall, Yoro Dia, selon lequel rien ne pourrait justifier des poursuites pour haute trahison.
Reste une inconnue : Macky Sall reviendra-t-il au Sénégal pour faire campagne ? Il vit au Maroc depuis mars dernier. Aucune date annoncée pour l'heure.