Il est venu au pouvoir au moment où les Etats sahéliens, en proie à la guerre de prédation qui leur était imposée sous couvert de terrorisme, étaient en rupture de ban avec la CEDEAO pour « non-assistance à peuples en danger ».
Le Président nigérian, Bola Tinubu, plutôt que de jouer au sage médiateur en raison de son grand âge pour concilier les parties, a préféré se ranger avec son homologue ivoirien, dans le camp des faucons, avec une batterie de mesures à l'encontre du Niger notamment. Le moins que l'on puisse dire est qu'elles visaient à « étrangler » ce pays et amener ainsi les populations à se rebeller contre les nouvelles autorités qui avaient opté pour la voie de l'indépendance véritable de leur pays.
Si cette intention machiavélique a fait chou blanc, elle a néanmoins eu des stigmates profondes et douloureuses sur le peuple nigérien qui est resté cependant stoïque et héroïque pour faire face à cette adversité d'un plus que frère. Faut-il le rappeler, Nigériens et Nigérians sont quasiment un seul et même peuple que la colonisation a séparé de façon artificielle comme un peu partout en Afrique, si fait que la douleur du peuple nigérien a été ressentie souvent plus vivement dans certaines contrées du Nigéria, notamment dans les principautés Haussa de Kano, Katsina, Daura et dans celle peule de Sokoto et plus loin dans l'Adamaoua camerounais.
A côté de ce ressentiment, il faut noter que les mesures drastiques de la CEDEAO ont eu aussi un effet boomerang sur les commerçants et industriels nigérians et béninois pour qui le Niger est un débouché important et donc une source de devises inestimable.
Conséquence, le marasme économique résultant de cet aveuglement des faucons de la CEDEAO se ressent toujours sur les marchés nigérian et béninois, et, il n'est guère étonnant que les populations en aient gros sur le coeur vis-à-vis de leurs dirigeants.
Ce d'autant que dans le cas du Nigéria, la manne pétrolière qui devait servir de régulateur des tensions sociales, n'a jamais joué ce rôle depuis l'indépendance du pays. Entre la haute hiérarchie militaire qui en capte la plus grosse part (avec des records absolus sous Sani Abacha) et une administration corrompue qui se partage les restes de la « dépouille » avec la mafia qui sévit dans le secteur, le peuple ne voit que « dalle » dans cette rente pétrolière et est donc contraint au fameux système D, la débrouille. La guerre du Biafra qui a déchiré le pays pendant quatre ans (1967-1970) est en partie due à cet état de fait même si certains Etats occidentaux prédateurs ne sont pas en reste.
Avec les récentes mesures prises par les autorités à l'instigation des autorités de Bretton Woods pour assainir le tissu économique, la cocotte-minute nigériane n'est pas loin d'exploser. Tinubu joue donc sa survie, mais il a peu de chances de s'en sortir, ce d'autant que des « prières mystiques » enrobées de « versets kabalistiques » auraient été entreprises contre lui du fait de son intransigeance vis-à-vis de Niamey.
Si nous n'accordons pas trop de crédit à ces supputations, disons que nous sommes en Afrique, le seul continent où on peut envoyer une commission par le vent et les éclairs. Bola le va-t-en-guerre est en tout cas dans l'oeil du cyclone. Même les esprits cartésiens se demandent comment il va s'en sortir avec la misère et la faim qui tenaille son peuple. Un homme qui a faim est un homme en colère. C'est écrit.