Les citoyens lambda crient à l'aide, les artistes relatent les faits dans leurs œuvres. La vie est trop chère ces deux dernières années, alors, des lanceurs d'alerte sonnent la sonnette d'alarme pour que l'autorité compétente prenne sa responsabilité.
Ces temps-ci, des chansons engagées inondent les ondes. Roraparaky, le single de Kougar, en fait partie. Sorti il y a une semaine, il a fait hocher des têtes. Plus de 22 mille réactions, 2 900 partages, le son devient viral. En 5 minutes 30, le toasteur a résumé la situation actuelle. Délestage, coupure d'eau, religion, corruption, la pauvreté, l'anxiété, tout a été dit. L'heure est grave. Mais, que faire? Rongé par la crise, le petit peuple semble démembré, marché sur la tête.
La sociologue Kristeva Zarazafy a avancé son opinion. Pour elle, les Malgaches assistent à une circonstance atypique. De ce fait, ils approuvent une sensation de mal-être qui se manifeste de temps à autre dans leur environnement. Froissés, ils cherchent à se divertir à leur manière. En revanche, ce divertissement les conduit dans un vide abyssal.
« Par rapport aux contextes socio-économique et politique actuels - le taux d'inflation élevé qui entraîne l'incapacité de la majorité des Malgaches à subvenir à leurs besoins essentiels, accentué par cette grande privation en eau et électricité, le chômage accru, la dégradation accélérée du niveau de vie et de la qualité de l'éducation, l'instabilité politique et sociale - nous faisons face à des crises identitaires qui se traduisent de plusieurs manières. Allant des déboires sur les réseaux sociaux aux suicides - surtout de pères de famille - en passant par l'accroissement du taux d'insécurité et de viols, du taux de séparations/divorces et de déscolarisation, le Malgache lambda est au seuil de ses limites en tant qu'individu. L'identité est dynamique et sa nature dépend d'éléments sociaux, matériels et subjectifs. La tendance du changement de ce processus identitaire va dépendre du degré auquel est touché l'un de ces éléments. Les normes sociales d'antan qui étaient plus ou moins organisées ont été remplacées par une énorme déstructuration sociale et le manque, pour ne pas dire l'absence de civisme, et la mainmise du capitalisme sur le système économique malgache ont influencé et instauré ces dérives identitaires. Par ailleurs, l'implication citoyenne a cédé sa place à cette indifférence sociopolitique puisque le sentiment même d'appartenir à un groupe social n'est plus», a-t-elle détaillé.