Tunis — Le candidat à l'élection présidentielle Kaïs Saïed a été réélu, dès le premier tour, grâce à une écrasante majorité de 90,69 %, lors d'un scrutin qui s'est déroulé, dimanche 6 octobre 2024, dans des conditions normales où aucun incident majeur n'a été enregistré.
Kaïs Saïed a obtenu les suffrages d'un peu plus de 2,4 millions d'électeurs sur 9,7 millions d'inscrits, a annoncé lundi l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Le taux de participation s'est établi à 28,8 %.
Ces résultats font montre d'un grandissime écart entre le candidat Kaïs Saïed et ses rivaux, respectivement, Ayachi Zammel, ancien député et homme d'affaires et Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du Mouvement Echâab.
Ayachi Zammel (47 ans) a recueilli 7,35 % des voix et Zouhair Maghzaoui a obtenu 1,97 %.
Dimanche, quelques heures après la fermeture des bureaux et centres de vote, le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Farouk Bouasker, a indiqué que le scrutin s'est déroulé dans des conditions favorables.
Les électeurs, a-t-il dit, se sont rendus dans plus de 10 mille bureaux et centres de vote déployés dans 59 pays dans les quatre coins du monde pour exercer librement leur droit à choisir la personne qu'ils jugent la plus habilitée à diriger leur pays pour le prochain quinquennat.
Dimanche soir, un sondage d'opinion publié par Sigma conseil après la fermeture des bureaux de vote a donné le candidat Kaïs Saïed largement vainqueur loin devant ses deux rivaux.
Selon Sigma conseil, Kaïs Saïed a remporté plus de 89 % des voix suivi de Ayachi Zammel avec près de 7 % et Zouhair Meghzaoui avec environ 4 % des voix. Des résultats qui, sans grande marge d'erreur, s'alignent grandement sur ceux proclamés lundi soir par l'ISIE.
Aussitôt les résultats préliminaires publiés, les partisans de Kaïs Saïed ont manifesté leur joie lors d'un rassemblement à l'avenue Habib Bourguiba à Tunis.
Dans la foulée, Kaïs Saïed s'est exprimé dans une première déclaration après l'annonce des résultats pour souligner que le peuple Tunisien a fait montre lors du scrutin de 2024 d'un sens élevé de conscience et de maturité ainsi que d'une résilience hors pair, promettant d'oeuvrer sans répit à parachever le processus de réforme dans le pays.
Dans son manifeste électoral, Saïed a réaffirmé également l'engagement inflexible à faire face aux entraves et embûches qui freinent le développement du pays et à ne ménager aucun effort en vue de barrer la route aux saboteurs.
Il a également souligné qu'il est grand temps de bâtir une solide économie tunisienne, d'oeuvrer au renouveau des institutions de l'Etat et de mettre sur pied un arsenal législatif qui soit en mesure de permettre de relancer le rôle social de l'Etat.
Le scrutin présidentiel du 6 octobre 2024 est le premier du genre sous le régime de la "Nouvelle République" (la Troisième République) dont les jalons ont été formellement instaurés par la loi fondamentale de l'Etat, la Constitution de 2022.
Le président Kaïs Saïed a mené ce qu'il a baptisé "processus du 25 juillet" sur fond d'une poly-crise.
Danger imminent et raison d'Etat, autant de prétextes qui ont poussé le président de la République, garant de la continuité des institutions de l'Etat, à faire appel à l'article 80 de la Constitution de 2014 pour dissoudre le parlement et le gouvernement et amorcer le processus de rédaction de la nouvelle constitution.
Pour rappel, au lendemain de sa victoire au scrutin présidentiel de 2019, les réactions ont fusé de tous bords sur l'identité du nouveau président.
Des réactions qui ont été unanimes à dire que l'ascension de Kaïs Saïed était "une surprise" dès lors qu'il s'agit d'une nouvelle figure qui a réussi à surpasser les clivages idéologiques et politiques traditionnels.