Connu pour son dévouement envers la boxe, Judex Bazile a tiré sa révérence. En effet, l'ancien entraîneur national s'est éteint hier à l'âge de 67 ans après avoir livré un combat contre la maladie. Homme affable et passionné par le noble art, il aura apporté sa contribution à son développement quatre décennies durant. Même après sa retraite, il passait souvent au siège de l'Association mauricienne de boxe (AMB) pour apporter son aide ou prodiguer des conseils aux coaches, dirigeants et boxeurs.
Judex Bazile aura marqué de façon indélébile l'histoire de la boxe mauricienne. D'abord en tant que boxeur. Lors de la première édition des Jeux des îles de l'océan Indien (JIOI) à la Réunion, il fut le seul médaille d'or mauricien, dans la catégorie des lourds. Une performance qu'il n'avait pas pu rééditer aux 2e JIOI à Maurice en 1985, se contentant de l'argent. Il devait ensuite prendre sa retraite et se lancer dans une carrière d'entraîneur. Il allait d'abord avoir la responsabilité des jeunes. D'ailleurs, il allait être l'un de ceux qui allaient mettre en place le centre national de formation aux côtés du Directeur technique national (DTN) d'alors, Frankie Le Sage, au début des années 90.
Judex Bazile a eu sous sa responsabilité plusieurs générations de boxeurs, mais les plus connus sont Bruno Julie, Giovanni Frontin, Josian Lebon, Riaz Durgahed, Marco Bangard, Michael Macaque ou encore Christopherly Albert.
Judex Bazile (à g.) en compagnie de Richard Sunee et de l'ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, lors de la remise de cash prizes suite aux Jeux du Commonwealth à Kennedy St-Pierre et Annabelle Laprovidence au Bâtiment du Trésor en août 2014.
Il a obtenu son diplôme d'entraîneur de premier degré à Tunis en 1995. Cinq ans plus tard, il décroche celui de troisième degré à Tunis toujours. Entre-temps et de manière continue, il accompagnera des sélections à diverses compétitions de haut niveau à l'étranger et les bons résultats vont s'enchaîner. On peut citer la médaille d'or de Giovanni Frontin aux Jeux de la Francophonie en 1997 à Madagascar ou celle en or de Richard Sunee aux Jeux du Commonwealth de 1998 à Kuala Lumpur. Il a aussi, avec le DTN Jean-Claude Nagloo, joué un rôle important dans l'obtention de la seule médaille olympique mauricienne, le bronze décroché par Bruno Julie à Beijing en Chine en 2008. Pas étonnant que Judex Bazile ait obtenu le titre de «coach of the year» aux National Sports Award du Mauritius Sports Council (MSC) à sept reprises (1994, 2009, 2010, 2011, 2014, 2015 et 2019). Il a occupé le poste d'entraîneur national de 2009 à 2022.
Clairement, c'est un monument du noble art mauricien qui s'en est allé. Judex Bazile manquera énormément à la famille de la boxe mauricienne. La rédaction sportive de l'express exprime ses sincères condoléances à la famille endeuillée.
Témoignages
Pascal Telvar (président de l'Association mauricienne de Boxe) : «Judex Bazile a été comme un mentor pour moi. Je l'ai connu alors que j'étais élève au collège Imperial en 1996. À cette époque, il y avait ce que l'on appelait les Trophées des Collèges. J'ai commencé à pratiquer la boxe et ensuite, j'ai continué à le côtoyer alors que j'étais devenu entraîneur régional. Puis, c'est en tant que dirigeant fédéral que nous avons travaillé ensemble. C'était un vrai bosseur. Il aimait se documenter. Il assistait à toutes les formations qui étaient organisées avec des formateurs étrangers. Il nous a bien aidés au niveau de l'organisation des compétitions aussi. Même après sa retraite comme entraîneur national en 2022, il a continué à apporter son aide bénévolement. Il a agi comme consultant. C'est quelqu'un qui a dédié sa vie à la boxe. Après Guy Bazerque, c'est un autre pilier de la boxe mauricienne que nous perdons.»
Josian Lebon (assistant-entraîneur national) : «Ma première rencontre avec Judex Bazile remonte à 1987 lors des Jeux de l'Avenir. Je me souviens qu'il était l'entraîneur du centre de formation à partir de 1991. En tant que sports coach du ministère des Sports, il allait dans les écoles et les collèges pour faire de la boxe éducative. En tant que boxeur, j'ai pris part à plusieurs compétitions internationales en sa compagnie, telles que les Jeux de la Francophonie en 1997 à Madagascar, les Jeux des îles de l'océan Indien (JIOI) en 1998 à La Réunion, les Jeux d'Afrique de 1999 à Johannesburg entre autres.
Puis, j'ai pris ma retraite comme boxeur en 2003 et je me suis tourné vers l'entraînement. Alors qu'il était entraîneur national, moi je faisais partie du staff technique. Jusqu'à l'année dernière, il a apporté son aide en vue des Jeux des îles de l'océan Indien à Madagascar. Judex était une personne très disciplinée. Les meilleurs boxeurs de ces 15-20 dernières années ont travaillé sous sa direction que ce soit Bruno Julie, Richarno Colin, Kennedy St-Pierre, John Colin Jean-Luc Rosalba et tant d'autres. La dernière grande compétition lors de laquelle nous faisions tous deux partie du staff technique, ce sont les Jeux d'Afrique de 2019 au Maroc. Il a dédié sa vie à la boxe.»
Bruno Julie (unique médaillé olympique mauricien à ce jour) : «C'est un jour bien triste pour le sport mauricien et plus particulièrement la boxe. Judex Bazile a beaucoup apporté en tant que coach. J'ai débuté sous sa direction au centre de formation en 1994. Pendant deux ans, il a partagé ses connaissances avec moi lors de mes débuts. Nous avons pris part à de nombreux stages ensemble, en Afrique du Sud, en France. La nouvelle de son décès m'attriste beaucoup. Je présente mes sincères condoléances à sa famille. C'est un autre pilier de la boxe qui s'en va après le regretté Guy Bazerque. Il a définitivement eu une contribution dans ce que je suis devenu par la suite. C'est un grand bonhomme qui a laissé derrière lui ses connaissances et les jeunes entraîneurs vont poursuivre le travail pour le développement de la boxe mauricienne.»
Rajiv Rajcoomar (ancien président de l'Association mauricienne de boxe) : «J'étais encore boxeur quand j'ai connu Judex Bazile et lui aussi. C'était en 1982. Plus de 40 ans ! Après avoir pris sa retraite en 1985 suite aux 2eᣵ JIOI, il est devenu entraîneur. Et on peut dire qu'il a fait son chemin et a gravi les échelons. Quand j'étais président de la fédération (de 2005 à 2013), nous sommes devenus plus proches encore. Nous avons un bon bout de chemin ensemble. On a pu décrocher la première médaille olympique de l'histoire avec Bruno Julie en 2008. Après ces JO, nous avons discuté et nous avons décidé de faire passer Judex au poste d'entraîneur national qu'occupait Jean-Claude Nagloo qui, à son tour, est devenu le premier Mauricien Directeur technique national (DTN). C'etait une bonne stratégie pour la boxe. Je suis vraiment triste de son départ, surtout pour sa femme et son fils.»