Bénin: L'après Talon se joue-t-il déjà ?

8 Octobre 2024
analyse

Dans un élan unanime, la classe politique béninoise a condamné la tentative de coup d’état déjouée, dont l’annonce a été faite le Mercredi 25 septembre 2024 par le procureur spécial chargé des infractions économiques et du Terrorisme, incriminant trois proches du Président Patrice Talon. A dire vrai, l’opinion semble incrédule.

Ce vent d’unanimité, normal dans le principe est à maints égards suspect, et couvre d’une certaine manière le combat feutré qui se joue pour la succession du président Talon, qui a décidé de ne pas se présenter pour un troisième mandat à la tête du Bénin.

Le président Talon lui-même semble, faire grief à son ancien ministre avec qui dit-il son régime a bâti un certain nombre de réformes qui portent leurs fruits, se soit permis de soutenir un candidat qui n’est pas de son camp, au point qu’il se soit permis de lui adresser un « rappel à l’ordre ». Ce sont les propos du Président Talon. On voit dès lors qu’il ya à n’en pas douter des non-dits dans cette cristallisation des positions, alors que c’est lui-même rappelons-le, qui avait de son propre chef annoncé sa non- candidature pour 2026.

D’où la question que se posent bon nombre d’observateurs y compris au Bénin, à savoir si le président Talon n’était pas en train de préparer l’opinion à l’éventualité une volte-face.

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Le cas Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire est là pour nous rappeler que ce ne serait pas nouveau sous le soleil des tropiques. Macky Sall aussi l’avait tenté, en s’abritant derrière les arguments constitutionnels, que ses thuriféraires lui avaient concoctés, au mépris de tout ce sur quoi il avait convaincu les sénégalais, pour voter Oui à son référendum pour la nouvelle constitution de 2016.

Le résultat on le connait.

Mais à un An et quelques mois du terme de son mandat, les manœuvres se font jour, et deux personnalités proches du président de la République sortant à savoir Olivier BOKO, riche homme d’affaires réputé et l’ancien ministre des sports Oswald Homeky poussé à la démission, semble faire les frais du camp, qui voudrait que Patrice Talon, au vu de son bilan, puisse rempiler pour un troisième mandat, ce qui ne semble pas à ce jour lui déplaire.

En tout cas dans son camp, personne ne semble oser se porter candidat officiellement, sauf bien sûr les deux téméraires proches de Talon, Olivier Boko et Oswald Homeky qui soutient sa candidature.

Tous les quatre autres candidats qui avancent à pas feutrés à savoir : le Maire de Cotonou Luc Atrokpo, l’avocat et ancien bâtonnier, et ancien Président de la Cour Constitutionnelle Joseph Djogbénou, Romuald Wadagni, ministre d’état en charge de l’économie et des finances, et Samou Seidou Adambi, ministre de l’eau des Mines   risquent, faute de solides attaches dans l’appareil, et dans la société politique de faire les frais du combat pour la succession qui risque d’être âpre.

Ils disposent chacun d’atouts spécifiques, et évoluent dans la « galaxie » Talon.

Patrice Talon quant à lui préfère aligner tout le monde sur la ligne départ, en ne choisissant pas son dauphin, ce qui peut être risqué. Macky Sall au Sénégal l’a appris à ses dépens bien plus tard.

Le prétexte du coup d’état déjoué ressemble fort à une tentative de liquidation de Olivier Boko, sérieux prétendant à l’élection de 2026, fort du soutien de certains milieux religieux, de son épouse très influente, sans oublier son long compagnonnage et proximité avec Patrice Talon, même s’il ya des nuages dans le ciel de leurs relations.

Nombreux sont les citoyens béninois qui aujourd’hui n’accordent pas de crédit au récit qui servi à son sujet.

Les plus avertis ont souvenance du cas Malien ou à quelques semaines de la fin du mandat du Président Amadou Toumani Touré, les militaires se sont hasardés dans un coup d’état qui a mis ce pays dans la situation qu’elle connait aujourd’hui.

C’est l’une des raisons pour lesquelles très peu d’observateurs ne pensent pas à un réel coup d’état, au regard de la posture de pouvoir de ceux qui sont incriminés, et du témoignage à décharge du colonel supposé être de connivence avec Olivier Boko, mais également des motivations qui seraient à l’origine de ce supposé coup d’état.

Le procureur a ouvert la voie des poursuites, attendons la suite qu’il compte donner à ce dossier.

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