Mozambique: Un vent de continuité à Maputo

Daniel Francisco Chapo a été choisi par le parti au pouvoir au Mozambique, le Frelimo, comme candidat aux élections présidentielles d'octobre.
analyse

Le pouvoir va-t-il changer de main au Mozambique, pays d'Afrique de l'Est de près de 33 millions d'habitants ? Rien ne semble l'indiquer à priori. Les élections présidentielle et législatives de ce mercredi 9 octobre 2024 devraient en principe confirmer la suprématie du Front de libération du Mozambique (FRELIMO), parti au pouvoir depuis l'accession à l'indépendance du pays en 1975.

Cette formation qui a accédé aux affaires après 10 ans de guerre d'indépendance (1964-1974), entend à nouveau se maintenir aux affaires avec son candidat, Daniel Chapo, ancien gouverneur provincial de 47 ans.

Cette figure du parti au pouvoir, censée prendre la relève après le chef de l'Etat sortant, Filipe Nyusi , qui a bouclé deux mandats, apparait comme l'archi-favori, face à trois autres candidats. En dehors de son principal rival du parti de la Résistance nationale du Mozambique (RENAMO), Ossuo Momade, deux autres candidats convoitent le fauteuil présidentiel, l'indépendant Venâncio Mondlane et Lutero Simango du Mouvement démocratique de Mozambique (MDC).

Même si sa candidature en elle-même constitue une surprise, Chapo étant le premier candidat de l'histoire du FRELIMO à n'être pas du premier cercle, elle n'entame en rien la chance du parti au pouvoir de remporter une nouvelle victoire. Il devra encore en être ainsi, sauf cataclysme dans les urnes.

Le FRELIMO devrait rester dans la dynamique de son succès aux élections municipales d'octobre 2023, lesquelles avait été marquées par de vives tensions consécutives aux accusations de fraude de l'opposition. On ne voit pas comment les Mozambicains vont confier la gestion de la quasi-totalité de leurs villes (64 sur 65) au parti au pouvoir et offrir les clés de la Présidence et de l'Assemblée nationale à un autre courant politique. Malgré les dissensions internes et les scandales de corruption de nature à jeter le discrédit sur sa gouvernance, le FRELIMO reste vraisemblablement indéboulonnable.

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Les résultats de la présidentielle de ce mercredi devront donner, une fois de plus, la pleine mesure de sa domination sur la vie politique mozambicaine. Le FRELIMO règne en maître absolu sur le pays, que ses caciques contrôlent à tous les niveaux. La Commission nationale électorale (CNE) n'est-elle pas tenue par un ancien évêque anglican, jugé trop proche du pouvoir par les opposants qui n'accordent aucune crédibilité à l'institution.

Si l'élection de Daniel Chapo est en passe d'être une formalité, il reste que de nombreux défis l'attendent. En plus des questions de « vie chère » et de développement, le futur président mozambicain devra surtout oeuvrer à ramener la paix dans la province de Cabo Delgado en proie au terrorisme.

Depuis 2017, un groupe islamiste affilié à l'Etat islamique sévit dans cette province regorgeant de gisements de gaz naturel. Au moins 5000 personnes ont été tuées selon certaines sources non gouvernementales, avec un nombre de déplacés dépassant largement le million. En 2021, l'armée mozambicaine avec le soutien de celle du Rwanda avait réussi à faire battre en retraite les terroristes qui sèment la terreur à Cabo Delgado, mais ceux-ci n'ont pas tardé à refaire surface.

Nul besoin de signifier, à la lumière de cette situation, que le terrorisme a des conséquences socioéconomiques désastreuses pour le Mozambique, à l'instar de tout pays confronté au phénomène. Au-delà des discours volontaristes de campagne, le futur chef de l'Etat mozambicain va devoir user de génie pour ramener la quiétude à Cabo Delgado. C'est une vraie attente pour ses compatriotes.

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