Dakar — Les pays de la CEDEAO et de l'UEMOA doivent adopter des politiques fiscales "fortes" sur le tabac et l'alcool, pour mieux préserver la santé publique, l'économie et le développement durable, a affirmé, mardi, le directeur de l'Union douanière et de la fiscalité de la Commission de la CDEAO, Salifou Tiemtoré.
"Des politiques efficaces sur le tabac et l'alcool contribuent non seulement à améliorer la santé publique en réduisant leur consommation, mais constituent également un moyen important de générer des recettes pour les gouvernements, comme l'indique le programme d'Addis-Abeba", a-t-il dit.
Salifou Tiemtoré participait à Dakar à l'ouverture d'un atelier sur les taxes de santé en Afrique de l'ouest. D'une durée de deux jours (8 et 9 octobre), cette rencontre est initiée par la Banque mondiale en partenariat avec la Commission de la CEDEAO.
"Je suis persuadé que l'atelier montrera comment des politiques fiscales fortes sont bénéfiques pour la santé, pour l'économie et le développement durable", a indiqué le directeur de l'Union douanière et de la fiscalité de la Commission de la CEDEAO.
Il a expliqué que, chaque année, plus de huit millions de personnes meurent de tabagisme dans le monde. Il signale que la plupart des décès liés au tabac surviennent dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, qui sont souvent la "cible d'une ingérence" et d'un "marketing intensif" de la part de l'industrie du tabac.
"Les pertes économiques dues au tabac, aux dépenses de tabac, et la perte de productivité s'élèvent à plus de 1,4 milliard de dollars par an, soit l'équivalent de 1,8% du PIB mondial ; les décès et ces pertes sont tout à fait inutiles et tout à fait évitables", a soutenu M. Tiemtoré.
Ces dernières années, l'UEMOA et la CEDEAO ont adopté des directives pour harmoniser la politique et l'administration des taxes d'accise (impôts indirects perçus sur la vente ou l'utilisation de produits tels que les boissons alcoolisées, les produits du tabac et les produits énergétiques)..
Le directeur de l'union douanière et de la fiscalité de la Commission de la CEDEAO a rappelé que l'organisation régionale avait élaboré la directive sur le tabac en 2017, ainsi que la directive sur les taxes d'accise en 2023.
Ces textes ont été élaborés "en réponse au mandat de la Commission d'harmoniser les règles fiscales dans la région, de lutter contre la concurrence fiscale négative, de mobiliser davantage les recettes nationales et d'accroître la sensibilité à la consommation des produits nocifs", a-t-il précisé.
"Malgré toutes ces réalisations, soutient-il, le tabac et l'alcool restent un énorme problème de santé publique et de développement durable dans notre région."
"Concernant le Sénégal, chaque année, le pays évalue sa taxation en matière de tabac et d'alcool et pour le moment, le Sénégal est dans les meilleurs standards au plan international", a indiqué Abdoulaye Gningue, inspecteur principal des impôts et des domaines, enseignant-chercheur associé des universités.
Il signale que le Sénégal a une taxation "pertinente", aussi bien pour les alcools que pour le tabac. Le pays a aussi l'une des taxations d'accise les "plus hautes" de la région.
Cette rencontre, a assuré M. Gningue, va servir de plateforme pour les parties prenantes afin de discuter des réalisations et opportunités dans la mise en oeuvre des directives d'accise de la CEDEAO et de l'UEMOA, pour permettre d'harmoniser les contenus.
"Si vous prenez par exemple une directive comme celle de l'UEMOA où la taxation ad valorem est comprise entre 50 et 150 %, vous voyez que l'écart est quand même important, ce qui fait qu'un pays peut être à 50 % et un autre pays à 150 %", a expliqué Abdoulaye Gningue.
Cette harmonisation dans les textes a été la principale difficulté soulevée par certains participants.
"C'est une interrogation pertinente qui mérite une réflexion approfondie pour qu'on trouve une solution parce que l'intérêt d'avoir des taxations rapprochées, c'est pour éviter la contrebande parce que nous sommes des pays frontaliers", a soutenu M. Gningue.