La conquête de la mairie de la capitale revêt une importance particulière pour le régime mais surtout pour les partis de l'opposition qui ne désespèrent pas quant à la continuité de leur Tolona.
Un an exactement après les manifestations dirigées par le Collectif des candidats afin de contester contre le processus électoral et la candidature de Andry Rajoelina mais aussi leur tentative répétée pour accéder à la Place du 13 mai, haut lieu des différents mouvements qui ont mis fin à plus d'un régime politique, les élections communales et des conseillers municipaux du 11 décembre semble revêtir un autre enjeu, le contrôle du centre-ville, qui déterminera la stabilité du régime pour les années, voire les mois qui viennent.
Avec les problèmes socio-économiques qui prévalent dans le pays mais aussi les événements récents qui restent présents dans la mémoire collective, depuis l'avènement de la Troisième République, aucun président n'a pu mener jusqu'au bout son deuxième mandat, chaque camp va faire tout le nécessaire pour prendre les rênes de la capitale.
Etape
« La victoire de notre candidat nous ouvrira les portes du 13 mai. Il s'agit d'une étape de notre Tolona », a d'ailleurs déjà indiqué le député Firaisankina d'Ambatondrazaka, Fidèle Razara Pierre. Une déclaration qui dévoile en une partie l'intention de l'opposition. Conscients du rapport de force politique dans la capitale, les ténors du Firaisankina attendent le bon moment pour tenter de nouvelles descentes dans les rues de la capitale.
« Nous ne sommes pas encore prêts pour un autre mouvement mais on ne va pas laisser la capitale entre les mains du régime », a, quant à elle, souligné Hanitra Razafimanantsoa, député Firaisankina du Ier arrondissement. En tout cas, les prochaines élections municipales constituent une revanche pour cette opposition, longtemps humiliée mais aussi poussée à bout, selon les explications, par un régime qui a encore toutes les forces avec lui. Les « éternels vaincus », ajoute-t-on, n'ont pas encore dit leurs derniers mots.
Mentir
Tahina Razafinjoelina, candidat du parti Tia Tanindrazana (TT), a de son côté un tout autre discours. « Il ne faut pas utiliser la Place du 13 mai à des fins politiques », a-t-il soutenu lors d'une émission spéciale diffusée, ce vendredi, sur des chaînes privées de la capitale. Selon lui, tout ce qui concerne la Place du 13 mai relève de l'autorité du préfet d'Antananarivo.
« Arrêtez de mentir aux gens ! », a-t-il ajouté avant de s'interroger sur ce qu'un maire peut faire alors que 11 candidats n'ont pas pu accéder à la Place du 13 mai. Il fait évidemment allusion aux différentes tentatives du Collectif des candidats. Le maire de la capitale, selon ses explications, doit collaborer avec le pouvoir central dans différents secteurs. Il a néanmoins soutenu qu'il s'oppose toujours à l'injustice et à tout ce qui... ne va pas.
Infidèle
Avec les foyers de tension engendrés par les coupures d'eau et le délestage électrique, le régime se trouve dans une mauvaise posture et les Tananariviens peuvent lui réserver une mauvaise surprise dans près de deux mois. Bien que les leaders de la plateforme Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina (IRMAR) martèlent que seul un candidat issu de leur famille politique peut collaborer avec le pouvoir central, la bataille s'annonce rude.
Hantés par le passé, avec les communales de 1999 et de 2007 qui ont emporté deux présidents dans leurs sillages, les oranges rougissent et veulent coûte que coûte écraser l'hydre du ras-le-bol populaire qui commence à germer. Peu importe, Antananarivo reste et restera une ville infidèle. Elle peut élire un président pour le désavouer quelques mois après et la situation socio-économique actuelle ne plaide pas en faveur du régime.