Cameroun: Affaire Glencore - Le procès à Londres repoussé à 2027, le pays et la SNH dans l'attente

9 Octobre 2024

L'affaire Glencore, qui secoue le monde des affaires internationales et plusieurs pays africains, connaît un nouveau rebondissement. La deuxième audience, qui s'est tenue ce mercredi 9 octobre 2024 au Southwark Crown Court de Londres, a abouti à une décision inattendue : le report du début du procès au 1er juin 2027.

Cette annonce, faite par un juge de la cour londonienne, repousse de près de trois ans les espoirs de voir la lumière faite sur les accusations de corruption qui pèsent sur d'anciens dirigeants de Glencore Plc en Afrique de l'Ouest et Centrale. Le magistrat a également précisé que le procès devrait s'étendre sur une période de six mois, se concluant ainsi en décembre 2027.

Le report s'explique par un engorgement sans précédent des tribunaux britanniques. Cette situation, déjà critique, a été exacerbée par des années de sous-financement chronique du système judiciaire, aggravée par la pandémie de coronavirus et les mouvements de grève des avocats. Ce contexte met en lumière les défis auxquels fait face la justice britannique pour traiter des affaires complexes de criminalité en col blanc.

L'enquête, menée par le Serious Fraud Office (SFO), l'organe britannique de lutte contre la fraude grave, avait suscité de grands espoirs quant à la possibilité de mettre au jour des pratiques de corruption présumées à grande échelle. Cependant, le délai imposé par cette décision judiciaire soulève des questions sur l'efficacité de la justice dans la lutte contre la criminalité financière internationale.

Au Cameroun, cette nouvelle est accueillie avec une certaine frustration. La Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) avait déposé une plainte auprès du Tribunal Criminel Spécial, espérant que le procès de Londres fournirait des indications cruciales sur les responsables impliqués dans cette affaire. La SNH se voit donc contrainte d'attendre jusqu'en 2027 pour obtenir des éclaircissements sur cette affaire qui touche de près les intérêts nationaux camerounais dans le secteur pétrolier.

Cette situation met en lumière les défis de la coopération judiciaire internationale dans les affaires de corruption transnationale. Elle souligne également la dépendance des pays africains vis-à-vis des systèmes judiciaires occidentaux pour résoudre des affaires qui ont un impact direct sur leurs économies et leurs ressources naturelles.

Le report du procès soulève également des questions sur la préservation des preuves et la protection des témoins potentiels sur une si longue période. Il y a un risque que certains éléments cruciaux pour l'affaire se perdent ou que des témoins clés ne soient plus disponibles d'ici 2027.

Pour Glencore, ce délai pourrait être à double tranchant. D'un côté, il offre à l'entreprise plus de temps pour préparer sa défense et potentiellement négocier des accords. De l'autre, il prolonge une période d'incertitude qui pourrait affecter ses opérations et sa réputation à long terme, particulièrement en Afrique.

Cette affaire Glencore reste emblématique des défis posés par la lutte contre la corruption dans le secteur des ressources naturelles en Afrique. Elle met en lumière la nécessité de renforcer les capacités des systèmes judiciaires, tant dans les pays occidentaux que sur le continent africain, pour traiter efficacement ces affaires complexes qui ont des ramifications internationales.

En attendant 2027, les yeux resteront rivés sur Londres, dans l'espoir que justice soit rendue et que la vérité éclate sur cette affaire qui tient en haleine le monde des affaires et plusieurs nations africaines depuis des années.

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