Congo-Kinshasa: La situation dans l'est du pays demeure alarmante, explique l'envoyé dans la région des Grands Lacs au Conseil de sécurité

Le Président angolais avec ses homologues de la RDC et du Rwanda
8 Octobre 2024

La situation dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) reste « alarmante » dans un contexte de violences persistantes, a déclaré l'envoyé spécial de l'ONU pour la région des Grands Lacs d'Afrique lors d'un exposé au Conseil de sécurité mardi.

« C'est la population civile qui continuera à payer le prix fort de la guerre au quotidien : pertes humaines, violences sexuelles, problèmes de santé et malnutrition dans les camps de déplacés », a déclaré Huang Xia devant les membres du Conseil.

La violence est alimentée à la fois par le groupe armé M23 qui continue d'étendre son territoire et par les Forces démocratiques alliées (AFD) dont les « liens terroristes » et les attaques contre les civils en Ituri et au Nord-Kivu menacent la région, selon M. Xia.

La RDC est désormais le deuxième pays qui compte le plus grand nombre de personnes déplacées, après le Soudan.

« Lueur d'espoir »

Malgré cette situation, pour la première fois depuis la résurgence du groupe rebelle M23 en novembre 2021, M. Xia voit « une véritable lueur d'espoir ».

« Je peux témoigner que les récents pourparlers de paix dans le cadre du processus de Luanda sont encourageants et représentent une étape importante vers le silence des armes et l'instauration d'une paix durable », a-t-il dit.

Le processus de Luanda est une initiative régionale menée par le Président angolais João Lourenço qui vise à apaiser les tensions entre la RDC et le Rwanda.

L'accord de cessez-le-feu, signé le 30 juillet dernier, a contribué à « un calme relatif et semble, malgré quelques escarmouches, être largement respecté ».

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« Trois voies essentielles »

Bien que des mesures encourageantes aient été prises, « il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin aux souffrances de la population congolaise et parvenir à une paix durable dans la région des Grands Lacs », a averti M. Xia.

Il a lancé un « appel solennel » au Conseil de sécurité pour qu'il se souvienne de la crise dans la région et veille à ce qu'un cessez-le-feu perdure dans l'est de la RDC.

Les « trois voies essentielles » pour une paix durable comprennent le renforcement de la confiance mutuelle entre les pays de la région, le renforcement de l'inclusion, en particulier la pleine participation des femmes et des jeunes, et des efforts internationaux cohérents en faveur des processus de paix régionaux.

Consensus régional

En ce qui concerne son premier point sur la confiance mutuelle, M. Xia est « convaincu que tous les principaux ingrédients existent déjà », car ils sont « inscrits dans l'Accord-cadre, qui continue de bénéficier d'un consensus régional pour s'attaquer aux causes profondes du conflit ».

« Au-delà de cela, les initiatives de développement demeurent cruciales », a ajouté l'envoyé de l'ONU, citant la Stratégie des Nations Unies pour la région des Grands Lacs et son Plan d'action en cours d'élaboration comme exemple de cadre idéal pour une action collective.

« Alors que le Sommet de l'avenir s'est conclu par un nouveau consensus mondial porteur d'espoir, nous avons une fois de plus accepté la responsabilité collective de ne plus accepter la souffrance des civils pris dans des conflits sans fin », a-t-il conclu.

Écouter les victimes

De son côté, la Directrice de Change Your World, une ONG à but non lucratif basée à Goma, dans la province du Nord-Kivu, Sarah Kyabu Ntambwe, a expliqué être venue s'exprimer devant le Conseil de sécurité « pour représenter toutes ces populations affectées par ce cycle de guerres et de violences dans la région des Grands Lacs ».

Pour faire cesser la guerre, elle a demandé que soient écoutées les victimes qui ont perdu leur famille, qui ont été violées, tuées, ou encore intégrées de force dans les groupes armés.

Mme Ntambwe a appelé les animateurs du processus de Luanda à explorer des solutions concrètes pour surmonter le défi de la représentation de la société civile. Elle a déploré « une déconnexion totale entre les populations et la diplomatie de haut niveau ». Une situation qui compromet, selon elle, l'appropriation locale et réduit les chances de mise en oeuvre durable d'un futur accord de paix.

Au-delà du discours et des promesses, elle a demandé au Conseil de sécurité de mettre en oeuvre des actions concrètes centrées sur le bien-être, la dignité et la sécurité des populations affectées, mais également sur le développement et la cohésion régionale.

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