Soudan: Récentes sanctions américaines - Quel impact sur la guerre au pays ?

L’ambassadrice des États-Unis, Linda Thomas-Greenfield, et l’envoyé spécial des États-Unis pour le Soudan, Tom Perriello, et moi-même, avons organisé une séance d’information aux États-Unis. Mission auprès des Nations Unies le 5 septembre 2024 sur les pourparlers menés par les États-Unis sur le processus de paix au Soudan et le travail en cours du groupe ALPS (Advancing Lifesaving and Peace in Sudan) visant à élargir les voies d’accès humanitaires, à renforcer la protection des civils et à œuvrer pour une paix durable.
analyse

C'est une guerre civile qui s'annonce comme l'une des plus désastreuses en Afrique.

Déclenché en avril 2023, le conflit fratricide qui oppose le président de la transition soudanaise, le général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Bourhane, au chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, un groupe paramilitaire, aura provoqué en une année et demie le déplacement de 11 millions de Soudanais à l'intérieur du pays, tandis que plus de deux millions d'âmes se sont réfugiées dans les Etats voisins.

A cela s'ajoutent des dizaines de milliers de morts, le spectre de la famine qui menace des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, sans compter la destruction de nombreuses infrastructures.

Malgré les efforts de la communauté internationale, des ONG et de quelques organisations sous-régionales, le Soudan continue de s'enfoncer chaque jour un peu plus dans un conflit mettant aux prises deux chefs militaires jadis alliés pour la conduite de la transition après la chute d'Omar el-Béchir, mais devenus frères ennemis depuis avril 2023.

Dans cette guerre d'ego, chaque camp protagoniste est prêt à tout, même à fouler aux pieds les règles humanitaires pour en découdre. Aidé chacun, on le sait, par des soutiens étrangers. En effet, le général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Bourhane bénéficie du soutien de pays comme l'Egypte, l'Iran, l'Arabie Saoudite et la Turquie.

Les FSR, quant à elles, sont soutenues par l'armée nationale libyenne, dirigée par le maréchal Khalifat Haftar, ainsi que des mercenaires russes de Wagner et des Emirats arabes unis.

C'est dans ce contexte de guerre interminable que les USA viennent de prendre une décision censée ramener la paix ou du moins s'en rapprocher.

En effet, le pays de l'Oncle Sam vient d'adopter des sanctions contre l'un des pourvoyeurs d'armes et de logistique aux FSR. Dans son collimateur, un certain Algoney Hamdan Daglo Musa, à la tête d'une société basée aux Emirats arabes unis et qui fournirait de l'armement aux FSR. Et celui qui vient d'être visé par les sanctions n'est autre que le frère du commandant de ce groupe paramilitaire, Mohamed Hamdan Dagalo.

Dans une annonce cette semaine, le ministère américain des Finances a ordonné le blocage de tous les biens et intérêts d'Algoney aux Etats-Unis.

En optant de taper ce fournisseur d'armes au portefeuille, les Américains parviendront-ils réellement à assécher les sources d'approvisionnement du chef paramilitaire ?

La question mérite d'être posée quand on sait que dans ce conflit, comme dans tous les autres d'ailleurs dans le monde, ce sont les fabricants et les trafiquants d'armes qui se frottent toujours les mains. Et dans ce juteux marché, nombreux sont les Etats qui cèdent à la tentation de brader leurs équipements militaires devenus obsolètes pour eux.

Comme annoncé plus haut, chaque camp protagoniste bénéficiant du soutien de pays étrangers, on se demande vraiment si ces sanctions américaines ne sont pas qu'un coup d'épée dans l'eau.

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