Éric Cabrillac est le responsable de Point Sys, société implantée au Congo depuis 2006 spécialisée dans les technologies de la communication. En marge de sa participation au Salon FrancoTech, il porte un éclairage en tant que grand témoin de la transformation digitale en République du Congo.
Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Comment la société Point Sys s'est-elle implantée en République du Congo ?
Éric Cabrillac (É.C.) : L'histoire a commencé en 2003 depuis la France en faisant une formation de bureautique pour le personnel administratif du ministère des Postes et Télécommunications lors de la prise de poste du ministre Thierry Moungalla. Par la suite, nous avons eu la charge de créer le premier site internet du ministère des Hydrocarbures sous l'autorité de Jean-Baptiste Tati Loutard. Nous étions au début de janvier 2006 quand je suis arrivé à Brazzaville pour la première fois, en compagnie d'un technicien pour la livraison de ce site internet.
De cette entrée, bien qu'elle soit pour affaires, j'ai été séduit par Brazza la Verte ! Au fil des rencontres et d'opportunités, Point SYS a pu développer ses compétences au Congo où nous avons essentiellement travaillé à l'époque sur le développement et l'hébergement de sites Internet. Nos serveurs étant en France, il n'y avait pas de problème de débit, même si l'identité des services était congolaise.
Ainsi, nous avons mis en place les sites de la DGACPT, de l'OCI, des ministères du Commerce, de la Marine marchande, des Affaires étrangères, mais également de l'Olympic Palace hôtel, de l'hôtel Léon, l'hôtel Saphir et bien d'autres. En parallèle de ces créations, nous avons dispensé le compte des formations pour l'OCI, formé nos propres techniciens, entamé un partenariat avec Burotop Iris et commencé les premiers salons de nouvelles technologies au CCF, avant la création de l'actuel Salon Osiane.
L.D.B. : Après ces prémices, quel est l'apport de Point Sys dans l'économie numérique au Congo à ce jour ?
É.C : L'économie numérique au Congo est dans une bonne dynamique. Certes nous avons été présents au balbutiement du numérique dans le pays. Nous sommes plusieurs acteurs de cette évolution.
A notre niveau, nous avons cherché à diversifier nos compétences dans des technologies innovantes tout au long de ces années. Ainsi, nous apportons un savoir-faire en signalétique dynamique (l'ensemble des écrans d'affichage du ministère des Affaires étrangères est une réalisation de Point SYS) et plus récemment la signalétique du nouveau bâtiment de l'ARPCE à Pointe-Noire.
Nous sommes également une force de référence en matière d'écrans tactiles interactifs et autonomes, d'écrans LED intérieurs et extérieurs de toutes tailles. Nous avons développé un pôle Cybersécurité et Cloud qui est un sujet incontournable aujourd'hui pour les entreprises comme pour les administrations.
Enfin, nous avons débuté un partenariat avec le FABLAB de l'Université Marien-Ngouabi à Brazzaville avec lequel nous proposons des formations en développement Scratch et Python avec des kits de robots, des formations en Cybersécurité sur des solutions Open Sources telles que PFSENSE, et des formations sur l'utilisation de l'IA générative.
L.D.B. : Est-ce que ces réalisations sont menées avec les ressources humaines locales ? Autrement dit, le numérique relève-t-il de compétences des expatriés ?
É.C : La formation est au coeur de notre métier. Nous avons ouvert un centre de formation à Brazzaville. Rappelons qu'en 2006, on peut dire que les compétences venaient davantage de l'Europe. Nous avons, pour notre part, très vite cherché à former nos techniciens locaux et à transmettre localement nos compétences. Ainsi, les techniciens congolais de Point SYS n'ont rien à envier à leurs collègues français. Les mises à niveau régulières nous permettent de garantir un service optimum.
D'une manière plus générale, depuis une dizaine d'années, les compétences locales ont explosé ! Les initiatives telles que le salon Osiane ont permis de mettre en valeur toutes ces pépites et encouragé l'écosystème à se développer. Le Club Congo France Numérique, dont je fais partie depuis sa création, est également un moyen de promouvoir tous ces talents et de les aider à se développer, se faire connaître et créer.
Le Congo fait aujourd'hui jeu égal avec les pays européens en termes de compétences et de créativité. A nous de continuer à le faire savoir, le mettre en valeur, sûrs de nos capacités à innover. Nous venons de le démontrer à l'issue de la participation du Congo Numérique au Salon FrancoTech en marge du XIXe sommet de la Francophonie.