Le gouvernement burundais devrait coopérer avec l'ONU et mettre fin à l'impunité
Le 10 octobre, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a adopté une résolution prorogeant le mandat du Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits humains au Burundi. Le Conseil a exprimé des inquiétudes au sujet du bilan du pays en matière de droits humains, lequel, près de 10 ans après le début d'une crise politique et des droits humains, demeure accablant.
Le rapport présenté en septembre au Conseil des droits de l'homme par le Rapporteur spécial brosse un sombre tableau de la situation au Burundi, et qui ne donne à voir aucune des réformes systémiques pourtant nécessaires que le gouvernement devrait entreprendre afin de répondre aux problématiques profondes du pays en matière de droits humains. Le rapport souligne un rétrécissement de l'espace civique et la répression des opposants politiques, des professionnels des médias et des défenseurs des droits humains, et documente « l'impunité généralisée des auteurs de violations des droits de l'homme, [...] la situation sécuritaire qui se détériore [...]ainsi que l'augmentation des cas de disparitions forcées et des arrestations arbitraires ». Cette situation est amplifiée par une crise économique qui s'aggrave.
Le travail du Rapporteur spécial de l'ONU est essentiel dans un cas comme celui-ci, où il n'existe aucun autre dispositif indépendant mandaté pour examiner la situation des droits humains du pays. Les activités de la société civile et des médias au Burundi sont sévèrement restreintes, et le système judiciaire est contrôlé par le pouvoir exécutif. En juin, le sous-comité d'accréditation (SCA) de l'Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l'homme a recommandé que la Commission nationale indépendante des droits de l'homme (CNIDH) du Burundi soit rétrogradée.
Le SCA a critiqué les ingérences politiques dans la sélection des membres de la CNIDH ; le caractère limité de sa coopération et de ses échanges avec les organisations de la société civile et les mécanismes internationaux de protection des droits humains ; ainsi que la réticence de la CNIDH à traiter des cas de violations des droits humains politiquement sensibles. En 2019, le gouvernement a fermé le Bureau des droits humains de l'ONU dans le pays, et il continue aujourd'hui de refuser l'accès au Rapporteur spécial.
Compte tenu de ces défis, et de l'approche des élections législatives prévues pour 2025, l'examen et la collecte d'information menés de manière indépendante par le Rapporteur spécial de l'ONU sont d'une importance cruciale.
Le gouvernement devrait entendre le message clair adressé par le Conseil, à savoir qu'il devrait « [créer] un environnement sûr [pour] la société civile, les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes, les blogueurs et les autres professionnels des médias » et « libérer toutes les personnes qui sont encore détenues pour avoir mené leurs activités de défense des droits de l'homme ».
Le gouvernement du Burundi devrait commencer à coopérer de manière constructive avec le Rapporteur spécial de l'ONU, respecter ses obligations en vertu du droit international relatif aux droits humains, et mettre fin à l'impunité pour les auteurs de violations de ces droits.