En Tunisie, deux procès très attendus par les défenseurs des libertés publiques devaient se tenir jeudi 10 octobre : celui de l'opposante Chaïma Issa et celui de l'avocate Sonia Dahmani qui avait été arrêtée au mois de mai dernier devant la caméra de France 24. Si le second a été reporté, le premier a débouché sur la condamnation de Chaïma Issa à une nouvelle peine de prison avec sursis.
Ce sont les deux premiers procès dit d'opinion depuis la réélection de Kaïs Saïed lors de la présidentielle de dimanche 6 octobre.
Dans le premier, Chaïma Issa a été condamnée à six mois de prison avec sursis en appel. Alors qu'elle a déjà passé près de cinq mois derrière les barreaux dans une autre affaire, cette opposante politique était cette fois poursuivie pour des propos tenus sur une radio tunisienne dans lesquels elle invitait l'armée à ne pas sécuriser l'organisation des élections législatives de l'an dernier.
Déjà condamnée à huit mois de prison pour avoir tenu des propos ironiques en lien avec la situation de la Tunisie, Sonia Dahmani devait, quant à elle, comparaître pour des déclarations dans lesquelles elle avait dénoncé le sort réservé aux populations noires dans son pays, mais son procès a été reporté.
En Tunisie, le décret 54 promulgué par Kaïs Saïed en 2022 en vue, officiellement, de lutter contre les « fausses informations » permet de poursuivre des personnes pour de simples opinions ou analyses.
Les procès de Chaïma Issa et de Sonia Dahmani étaient très attendus car il s'agissait des premiers rendez-vous judiciaires depuis la réélection à la présidence de Kaïs Saïed, dimanche 6 octobre, et que nombreux sont ceux qui s'interrogent, dans le pays, sur le fait de savoir si le régime va désormais assouplir ses positions - comme le laissait entendre Naoufel Saïed, le frère et directeur de campagne du président - ou, au contraire, durcir le ton, comme le redoute l'opposition.