Sénégal: Plaidoyer pour la prise en charge de la santé mentale dans le traitement du VIH

Kaolack — Le directeur du Centre des maladies infectieuses et tropicales du Centre hospitalier universitaire de Fann (Dakar), Pr Moussa Seydi, estime que la prise en charge de la santé mentale doit être intégrée dans les types de prise en charge des patients infectés par le VIH.

"Il est normal pour nous de dire que la prise en charge de la santé mentale doit être intégrée dans les types de prise en charge des patients infectés par le VIH", a-t-il affirmé.

Cette intégration est d'autant nécessaire plus qu'un patient sur cinq présente des symptômes de dépression nerveuse, a insisté l'enseignant-chercheur.

Il intervenait à Kaolack (centre), à l'occasion du lancement, par le ministre de la Santé et de l'Action sociale, Ibrahima Sy, de la 32e Journée mondiale de la santé mentale axée sur le thème "Il est temps de prioriser la santé mentale au travail".

Moussa Seydi, professeur titulaire à la Chaire des maladies infectieuses de la Faculté de médecine, de pharmacie et d'odontostomatologie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, faisait un exposé sur la santé mentale et l'infection au VIH au Sénégal.

Il considére que "la santé mentale est globalement négligée en Afrique".

"Durant la Covid-19, a-t-il rappelé, il y eu une augmentation de l'anxiété et des cas de dépression de 25% dans le monde. Donc, les maladies infectieuses peuvent être liées à toutes les pathologies. Les troubles de la santé mentale, notamment la dépression, constituent la troisième cause de morbidité parmi les maladies non transmissibles", a-t-il expliqué.

Pour le Pr Seydi, "la dépression, trouble mental le plus retrouvé autour de l'infection à VIH, est largement sous-diagnostiqué" en Afrique sub-saharienne.

Il en est de même au niveau du Sénégal, du fait du "tabou" qui entoure la maladie, d'un manque de spécialistes dans ce domaine. Il s'y ajoute que les professionnels de santé sont peu formés à la prise en charge des troubles mentaux, compte non tenu d'un manque d'information sur cette problématique.

"Au Sénégal, nous avons mené cinq projets d'études, avec des sous-études, qui ont toutes été financées par le +National institute of mental health+ (Institut national de santé mentale des Etats-Unis d'Amérique, NIMH, en anglais), un des 27 instituts qui dépendant de NIMH", a-t-il souligné.

Ces projets, dans le cadre desquels des Africains et des Français ont travaillé, ont été menés dans le cadre d'une large collaboration pour s'intéresser au dépistage et au traitement.

"Des études ont été faites sur les déterminants de la dépression au cours de l'infection au VIH et nous allons aussi travailler sur un contenu de sensibilisation. Des travaux ont été entamés sur la dépression en 2018 en faisant une enquête de connaissance active et pratique sur la dépression chez les professionnels de santé", a rappelé le Pr Seydi.

Cette enquête a permis de constater le manque de formation des professionnels de santé, notamment au niveau des sites de prise en charge des patients infectés par le VIH, a-t-il fait savoir. Il précise aussi qu'elle a été réalisée en deux phases au niveau des maladies infectieuses et du centre de traitement ambulatoire.

"Ces études nous ont confirmé que la thérapie interprofessionnelle de groupe, qui est recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les pays en voie de développement, était non seulement faisable, mais elle était bien acceptée", a-t-il informé.

Il explique que "les résultats étaient positifs, parce qu'il y avait un impact sur l'amélioration de la qualité de vie des patients, permettant aux praticiens de santé de mieux prendre en charge certains cas de dépression sans médicament".

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