Afrique de l'Ouest: Première Fashion Week pour Abidjan, qui veut «redevenir capitale de la mode en Afrique de l'Ouest»

La capitale économique de la Côte d'Ivoire accueille cette semaine sa première Fashion Week. L'événement, organisé par le créateur de mode Elie Kuame, se déroule sur quatre jours, du 10 au 13 octobre 2024. Une première édition qui, avec 200 personnes impliquées dans l'organisation et un budget de plus de 300 millions de francs CFA, a déjà de hautes ambitions.

Depuis l'atelier de la Maison Elie Kuame, à la Riviera Bonoumin de Cocody, toutes les « petites mains » travaillent sans relâche. Car le créateur voit grand. « C'est la première édition d'une Fashion Week à Abidjan, se réjouit Elie Kuame, au milieu du fracas des machines à coudre. Habituellement, il y a des défilés de mode ou des défilés groupés mais ce ne sont pas des Fashion Weeks. Mais là, nous avons essayé de créer un "in and out", un narratif complètement différent. Le lancement est un "meet and greet". Et puis le vendredi on a le concours de jeunes talents, le concours Marie-Thérèse Houphouët-Boigny parce qu'on veut partager le savoir. Et le samedi on a le grand show avec quand même 16 designers de la sous-région. On aura des acheteurs. On a des gens de l'extérieur. On a de la presse, on a des photographes... En fait, on va créer un écosystème où on pourra aisément lancer des ponts entre les acteurs actifs du secteur textile, mode et design ici et ceux de l'extérieur. Et puis la dernière chose, c'est qu'on va montrer aussi à l'extérieur ce qu'on sait faire. Voilà ce que veut être la Fashion Week à Abidjan, la Fashion Week by Elie Kuame. »

%

L'ambition sur le long terme est de rendre à Abidjan ses « lettres de noblesse ». « Nous avons été capitale de la mode en Afrique de l'Ouest, rappelle Elie Kuame. Donc, nous avons envie de travailler aujourd'hui à reconstituer tous ces codes de valeur, travailler sur la chaîne de métiers, et surtout avoir un impact sur le contexte social, géographique, sur la jeunesse, sur la formation... » Dans une petite pièce de l'atelier, il désigne un groupe de quatre jeunes femmes, pressées autour du même buste mannequin : « Ça fait sept jours qu'elles sont en train de broder la robe ! Parce qu'un vêtement qui n'est pas bien fait, ça se voit tout de suite. »

Rendre à Abidjan ses « lettres de noblesse »

Elie Kuame a même invité Nakani Traoré, dite "Naomie", couturière à Paris pour les grandes maisons françaises de luxe, à lui prêter main-forte pour l'occasion. C'est elle qui s'assure que le résultat soit irréprochable, jusque dans les finitions. « Les bonnes finitions, c'est les manches, les poches, les cols, une bonne tenue du vêtement, indique Nakani Traoré. Une bonne présentation, il y a la coupe, que ce soit bien adapté à la taille, tout ça... C'est à l'oeil. Il faut voir des grandes maisons, voir comment leurs pièces sont terminées. Il y a des gens derrière qui réalisent ces pièces-là. Et c'est nous ! Si je vois que ce n'est pas une bonne finition, je recadre tout de suite ! »

Pour les seize designers, l'enjeu est de taille : parmi les 700 spectateurs prévus pour les défilés, des acheteurs potentiels et de grands noms de la mode sont attendus. Dans un autre atelier, celui de la marque ivoirienne de luxe Simone et Elise, sis dans le quartier de Mermoz à Cocody, les derniers ajustements se font donc sous pression.

« C'est pas évident ! reconnaît Simone Mariam Sidibé, l'une des créatrices de Simone et Elise. On travaille sous stress. Mais bon, on a des artisans, des couturiers, une main d'oeuvre qui est consciencieuse et qui veut vraiment se donner la peine de travailler, de réussir avec nous. Donc on n'a pas d'heure, tant qu'on n'a pas fini on est là, et puis voilà. C'est toute une création pour juste un événement, et c'est vraiment le moment de présenter ce qu'on peut faire, ce qu'on a créé, toute notre inspiration et notre travail de l'esprit. »

Tous les défilés sont programmés pour le 12 octobre. Celui de la Maison Elie Kuame clôturera le spectacle.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.