Ce 10 octobre, Dakar a abrité une table ronde organisée par la fondation panafricaine TrustAfrica sous le thème « Réinventer la démocratie, la paix et la sécurité en Afrique ». Cette rencontre a permis aux panélistes présents d’aborder la question de la démocratie africaine et leur implication dans la vision d’un changement.
Cette rencontre a réuni des panelistes à l’instar de M. Cheikh Fall, Président de l’organisation panafricaine Africtivistes, Mme. Penda Mbow ancienne ministre de la Culture et de la Communication, M. Hakim Ben Hammouda économiste tunisien et M. Briggs Bomba, directeur des programmes de TrustAfrica dans le but de partager leur réflexion sur la démocratie en Afrique.
Selon Mme. Penda Mbow, une vraie démocratie se crée avec de vrais démocrates. Par constat, lorsqu’une démocratie est construite par un vrai démocrate celui-ci ne devrait pas être au pouvoir, car le pouvoir dissout la démocratie, a déclaré l’ancienne ministre de la culture.
A l’en croire, en Afrique, le pouvoir ne s’aligne pas à la démocratie, bien que la démocratie soit un idéal qui prône la souveraineté du peuple et l'égalité des citoyens, la réalité politique est souvent nuancée et marquée par des tensions entre les aspirations démocratiques et les concentrations de pouvoir.
Pour cette dernière, ce désaccord entre la démocratie et la politique est dû à un problème d’évolution historique, de transformation des sociétés africaines et de l’émergence individuelle. Lors de son discours, l’ancienne ministre a maintenu ses propos selon lesquels « la démocratie ne change pas si nos sociétés ne changent pas ».
Pour le président de l’organisation panafricaine Africtivistes, M. Cheikh Fall « il faut célébrer les petites victoires des pays qui ont eu des alternances politiques » tel est le cas du Ghana, du Cap-Vert et du Sénégal. D’après M. Fall, célébrer les petites victoires est un processus de démocratie car il n’est pas toujours facile de voir un opposant aller aux élections contre un président sortant et être élu au premier tour. Il a d’ailleurs maintenu son point de vue en disant que ce type de victoire est « inédit ».
Il faut dire que le problème de la démocratie n’est pas propre au continent, dans les grandes instances européennes le dilemme est aussi d’actualité, précise l’économiste tunisien, M. Hakim Ben Hammouda.
« Nonobstant les interventions de mes prédécesseurs, il y’a plusieurs aspects qui étouffent notre démocratie, bien au-delà de l’aspect politique, intellectuel ou religieux, il y’a aussi cette dimension économique qui déstabilise les régimes démocratiques », indique l’économiste.
Chaque africain cherche la stabilité économique. Ce dernier a été réduite à sa dimension la plus stricte, c’est-à-dire la dimension comptable. Selon lui, cette philosophie peut souvent entrer en conflit avec les principes d'une démocratie en Afrique de plusieurs manières.
Tout d'abord, la pauvreté et les inégalités économiques peuvent affaiblir la participation citoyenne, dans nombre de nos pays, une grande partie de la population vit dans des conditions précaires, ce qui limite leur capacité à s'engager activement dans le processus démocratique, précise la même source. D’après M. Hakim Ben Hammouda les gens qui luttent pour satisfaire leurs besoins fondamentaux sont moins susceptibles de voter ou de participer à des débats politiques.
A l’exception de cet aspect économique M. Hakim a mis en avant le changement climatique qui est aussi un vecteur de la démocratie. Pour lui, les inondations qui sont d’actualité, entraînent des tensions sociales et une instabilité politique, rendant plus difficile l'exercice d'une démocratie saine.
En soutien aux différents avis des panélistes, le directeur des programmes de TrustAfrica, M. Briggs Bomba, a fait valoir le leadership comme un moyen de réinventer la démocratie en Afrique. Pour lui, les dirigeants peuvent promouvoir la bonne gouvernance en instaurant des institutions transparentes et responsables, mais aussi en renforçant les mécanismes de contrôle et en luttant contre la corruption, les leaders peuvent restaurer la confiance du public dans les institutions démocratiques.
Autant de propositions ont été valorisées par ces défenseurs du continent. C’est d’ailleurs sur une note gustative que le diner-débat s’est clôturé laissant aux différents invités le besoin de continuer cet échange sur la transformation d’une démocratie en Afrique.