Que chacun de nous fasse son travail, seulement son travail, rien que son travail, et le pays restera débout, avancera et prospérera selon le destin que nous lui construisons.
J'ai parlé à des Américains qui me juraient qu'ils détestent dorénavant leur pays. Donald Trump lui-même, ancien président et candidat à la prochaine élection de novembre, a dit qu'il n'accepterait pas autre chose que sa victoire. J'ai parlé à des Français, qui disent ne plus rein comprendre à la politique de leur pays et à ce que fait leur président.
J'ai parlé à des Sénégalais, qui jurent que le nouveau régime ne les arrange vraiment pas. J'ai parlé à des Brésiliens, qui estiment que le président Lula devrait faire plus et aller plus vite dans les changements. J'ai parlé à des Espagnols, qui se disent dorénavant choqués par la façon dont l'Union européenne se comporte face aux crises, avec un double standard.
Ce que toutes ces personnes disent, déclarent ou proclament, n'a rien de catastrophique. Tous expriment le sentiment du citoyen dans la cité, la perception de la gouvernance, leur compréhension de l'adéquation ou de l'inadéquation de l'évolution de leur société, avec leurs ambitions, attentes, souhaits et désirs propres. C'est en fait cela, cette insatisfaction permanente et ces exigences toujours plus critiques, qui font la relation vivante entre gouvernants et gouvernés, dirigeants et dirigés, élus et électeurs.
Selon les contextes historiques voire selon les enjeux de circonstance, la température peut, monter, chuter ou se stabiliser, laissant transparaître des rancoeurs, des rumeurs, des doutes, des craintes, des peurs légitimes, mais aussi des joies et des célébrations.
Le Cameroun, notre pays, connaît un temps chargé de multiples attentes, dopés par des enjeux dans certains cas insaisissables, qui autorisent ou cultivent des comportements très versatiles. Il existe toujours un risque, réel, dans une telle situation, d'assister à des consécrations des alliances, visibles ou diffuses mais solides dans les fondements et fragiles dans les visions.
Qui a fait quoi et qui redoute quoi, craint quoi, espère quoi et veut quoi, avec qui et pour quel buts et objectifs, pour quels projets ? Toute la cité peut se mettre en ébullition, entrer en transe, mais il faut savoir garder la tête froide, et faire son travail, rien que son travail, seulement son travail. Méfiez-vous des seigneurs de l'intoxication et des promesses, des faiseurs de roi improvisés et des procureurs instantanés ou autoproclamés.
Malheur à qui se fera prendre en train de nous réciter les configurations politiques d'un lendemain qu'il ignore comme un candidat ignore sa note à l'issue d'un véritable concours étanche et sans fuite.
Que l'on s'appelle Tibor Nagy, machin et autres, rien ni aucune expérience ou affiliation politique et diplomatique, ne confère le droit de parler pour ce pays. L'Etat du Cameroun n'est ni à vendre, ni à louer, ni à sous louer, ni à démembrer. L'Etat du Cameroun, ses institutions avec, reste et restera débout. Tout dépend de nous, Camerounaises et Camerounais. Ne faites pas ça.
Que les destinataires comprennent. Que les commanditaires éventuels, d'ici et d'ailleurs fassent attention, et que les vrais patriotes, nationalistes conscients et attachés au dialogue et à la paix dans leur pays, soient plus que jamais vigilants. « Le Cameroun est à construire et non à détruire »./.