Madagascar: RAJOELINA DANS LE FIGARO - « Les îles éparses sont malgaches »

Dans une interview publiée par le quotidien français Le Figaro, le président de la République affirme que les îles éparses appartiennent à Madagascar. Que la Grande Île règle ainsi leur restitution, dans un cadre concerté.

«Elles sont malgaches». C'est la réponse du président de la République, Andry Rajoelina, au sujet des îles éparses. Une réponse qu'il a donnée dans une interview publiée par le quotidien français Le Figaro, hier.

À la lecture de l'interview, elle a été donnée en marge du sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à Paris, la semaine dernière. Les relations entre Madagascar et la France ont fait partie des sujets abordés durant cet entretien. Sur ce point, la question des îles éparses reste incontournable. Le chef de l'État indique que les relations entre la Grande Île et l'Hexagone sont au beau fixe. Il reste, toutefois, un sujet de désaccord.

À la question du quotidien Le Figaro, "la souveraineté sur les îles éparses est tout de même un point de contentieux avec la France ?", Andry Rajoelina répond sans ambages, "oui". Il ajoute, "ces îles contrôlent des espèces importantes, et la plus proche, Juan de Nova, est à seulement 150 kilomètres de nos côtes", en affirmant d'une manière cash, "elles sont malgaches".

Comme une partie de l'opinion publique, le locataire d'Iavoloha fait le rapprochement entre le dossier des îles éparses et celui de l'archipel des Chagos. "(...) On aimerait une issue heureuse, comme ça a été le cas pour l'archipel des Chagos, restitué à Maurice par le Royaume-Uni", déclare-t-il alors. À l'instar des îles éparses, pour Madagascar, l'archipel des Chagos a été dissocié du territoire mauricien au moment de son indépendance par les Britanniques.

Restitution

La semaine dernière, le Royaume-Uni a annoncé officiellement qu'il reconnaît "la souveraineté de Maurice sur l'archipel des Chagos". Une reconnaissance qui devrait être scellée par un traité. Il s'agit, néanmoins, de l'issue de plusieurs années de négociations entre les États mauricien et britannique.

Dans l'interview publiée hier, Andry Rajoelina laisse aussi entendre que Madagascar privilégie les démarches diplomatiques pour avoir gain de cause dans le contentieux avec la France au sujet des îles éparses. "C'est un exemple assez parlant. Nous souhaitons donc, nous aussi, une restitution, mais dans un cadre concerté. Il faut sérieusement étudier les voies et les moyens de le faire".

Le président de la République rappelle ainsi qu'il y a une Commission mixte entre Madagascar et la France au sujet des îles éparses. Les négociations sur ce dossier sont menées au sein de cette entité. Dans les colonnes du quotidien Le Figaro, Andry Rajoelina indique cependant, "il y a des pourparlers, une commission mixte est en place, mais nous sommes toujours dans l'attente". Depuis sa première réunion, au palais d'Andafiavaratra en novembre 2019, il n'y a plus eu de rencontre entre les membres de la Commission.

À l'issue de cette première manche, la Commission mixte "a acté l'existence d'un différend sur la question de souveraineté". Durant cette première réunion, Madagascar avait en effet posé comme "préalable" que la France reconnaisse la souveraineté malgache sur les îles éparses. Les négociations entre les deux parties sont au point mort. Le second round des discussions de la Commission, prévu pour se tenir à Paris, n'est toujours pas programmé jusqu'à présent.

L'accord trouvé entre l'île Maurice et le Royaume-Uni sur l'archipel des Chagos ramène le dossier des îles éparses sous le feu des projecteurs. Sauf changement, cet épisode devrait ainsi donner un coup de fouet aux négociations, du moins, amener à accélérer l'organisation d'une nouvelle réunion de la Commission mixte. Pour certains, les bonnes relations trouvées entre les deux pays devraient faciliter la recherche d'un consensus.

En entrée en matière de l'interview de Andry Rajoelina, Le Figaro soutient que "le Président de Madagascar était l'invité d'honneur d'Emmanuel Macron lors de l'ouverture du XIXe sommet de la Francophonie". Dans une interview accordée à un autre quotidien français, à savoir Paris Match, le 9 mai, le locataire d'Iavoloha a déclaré, "si je m'en tiens aux discussions que j'ai eues avec le président Macron, j'ai bon espoir", au sujet des négociations sur les îles éparses.

Seulement, la partie est loin d'être gagnée pour Madagascar. En marge d'un événement à la résidence du Japon, à Ivandry, lundi, Arnaud Guillois, ambassadeur de France, a indiqué que le cas des îles éparses et celui de l'archipel des Chagos "sont incomparables", faisant référence à la mise en place de la Commission mixte. Des dimensions politiques et institutionnelles entrent aussi en ligne de compte.

Du côté de la France, une éventuelle reconnaissance de la souveraineté malgache sur les îles éparses et leur restitution doit obtenir le feu vert de son Parlement. La percée de l'extrême droite et aussi de l'aile dure de la gauche dans les institutions parlementaires françaises risque de compliquer la donne. Quoi qu'il en soit, à lire l'interview du président Rajoelina, l'objectif est "la restitution de ces îles". Le tout est maintenant d'obtenir gain de cause.

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