Le président de la République Albert Zafy, symbole de la lutte pour la justice et la liberté nous a quittés le 13 octobre 2017. Il est reconnu par le peuple malgache comme le père de la démocratie et de la réconciliation. Modeste, intègre et intransigeant, l'homme au chapeau de paille, une fois arrivé au pouvoir a été incompris et lâché par ses compagnons de lutte. Des dysfonctions et dérives au sein de l'Assemblée nationale ont abouti à son empêchement.
De même qu'il n'a pas contesté son empêchement, de même, il a accepté le résultat du second tour de l'élection présidentielle de 1996 malgré des manipulations de vote constatées par son entourage. Il a préféré laisser passer pour éviter des affrontements entre Malgaches et donner la chance à la paix. Le Président a payé cher son attachement au fihavanana.
À travers le Mada-raid, le président Albert Zafy allait à la rencontre du peuple malgache dans des bleds les plus reculés. C'était sa façon de pratiquer la pédagogie de la libération. Autant sa légitimité s'enracinait auprès de la population à la base, autant celle-ci était ébranlée par la classe politique au sommet. Ces deux mondes différents réagissaient différemment par rapport à sa conception et sa pratique du pouvoir.
Contrairement à des dirigeants qui s'accrochent par tous les moyens pour jouir des avantages liés au pouvoir, le président Zafy avait une faculté de détachement étonnant par rapport à la gloire, à l'avoir et au pouvoir. Il a éduqué sa famille à ne pas se servir de l'État. Grâce à sa droiture inflexible, malgré son passage à peine trois ans à la tête de la République, il a pu bâtir le fondement de la réconciliation nationale.