Le bilan bisannuel du WWF sur la situation des écosystèmes de la planète révèle une réalité peu luisante et alerte sur l'approche de « plusieurs points de basculement irréversibles » signifiant des écosystèmes dépassant le seuil critique, avec des conséquences appelées à devenir définitives.
Le Rapport Planète Vivante 2024 du WWF lancé, hier, parle d'un « système en péril ». Ce rapport publié tous les deux ans, et qui en est cette année à sa 15e édition, dresse un bilan de la situation de la nature. Le rapport évoque depuis plusieurs éditions le déclin de la nature à l'échelle planétaire. Celui de 2024 fait état d'une situation s'approchant de plusieurs points de basculement irréversibles. Le document lancé, hier, évoque un fait alarmant : l'Indice Planète Vivante (IPV), utilisé dans le cadre de ce rapport, a mesuré au cours des 50 dernières années, une perte de 73% de la taille moyenne des populations d'espèces sauvages observées entre 1970 et 2020.
Sur la base de l'étude de 35 000 populations d'espèces sauvages incluant 5 495 espèces de mammifères, d'oiseaux, d'amphibiens, de poissons, et de reptiles, le constat est sans appel : le déclin mondial passe de 69% en 2022, 73% en 2024, soit une perte de 4% de la nature en l'espace de seulement deux ans.
Récifs coralliens.
Un chapitre du Rapport évoque l'état de santé des coraux, un des écosystèmes fortement menacés à plusieurs endroits du globe. Faut-il rappeler qu'un nouvel épisode de blanchissement massif des coraux n'est plus une hypothèse mais dorénavant une réalité confirmée. « Chaque épisode de blanchissement affaiblit le corail, le rendant incapable de faire face à d'autres pressions, telles que la pollution et la surpêche », souligne WWF Madagascar. Et d'ajouter que « la disparition massive des récifs coralliens détruirait les pêcheries et réduirait la protection des communautés côtières contre les tempêtes, car les récifs agissent comme des tampons contre les vagues, les tempêtes et les inondations ».
Madagascar ne fait pas exception.
Le blanchissement des coraux représente une menace sérieuse pour la productivité des récifs coralliens. Ceux situés dans le Nord-Ouest et le Nord-Est du pays sont les plus exposés aux impacts du changement climatique. Ils ont cependant l'avantage de disposer de conditions naturelles favorables à la récupération des espèces clés. Il n'est pas de même pour les récifs du Sud-Ouest, soumis à de grandes pressions du fait de la pollution ou encore de la surpêche, pourraient rencontrer davantage de difficultés pour récupérer. Selon le rapport, des températures croissantes des océans conduiraient à l'effondrement de ces écosystèmes. La subsistance de 3 millions d'habitants du littoral de Madagascar s'en retrouverait fragilisée.
Dans d'autres régions du monde, le problème de la disparition des zones humides, la sécheresse, les inondations, sont évoqués. Le Rapport souligne alors que ces situations de déclin impactent sur le devenir de l'Humanité, la nature étant de moins en moins en mesure de lui fournir les services et ressources essentiels à la survie de l'Homme. Des conséquences en cascades qui, à terme, aboutiront à une situation d'irréversibilité.