Ça y est, tout le monde est rentré ! C'est la rentrée ! Les vacances sont finies. Au-delà des inquiétudes d'ordre financier et matériel liées à cette rentrée, il y a aussi des appréhensions silencieuses liées à l'éducation même de nos enfants. Avons-nous préparé nos enfants à rejoindre les classes ? Comment les avons-nous préparés ? Nous avons payé la scolarité, les frais de tenue, la cantine et le gouter. Puis, nous leur avons rempli les sacs de fournitures diverses, il y en a qui aurons droit à de l'argent de poche tout au long de l'année scolaire et iront à l'école avec une moto qui coûte plus cher que celle de leur enseignant. Mais est-ce que nous avons pensé à leur « dose » de la pause ?
Rien ne sert de sursauter ou de feindre l'ignorant, la drogue fait partie des fournitures de nos pourritures et elle a fini par s'inscrire à l'école. La drogue est même devenue un maître, une discipline de la casse qui côtoie les leçons de classe. Il faut y penser et faire en sorte que le rejeton à jetons qui se jette à tâtons en pâture aux vapes ne manque de rien pour sa dose. Il y a des écoles où le phénomène tant à être la règle, parce que même le règlement intérieur dandine sous l'effet narcotique de l'inconcevable.
Il y a des familles, des quartiers où la question tant à devenir une banalité, un épiphénomène qui ne gêne presque plus la conscience collective. Nous sommes dans une société hallucinante dans laquelle les vertiges gouvernent la raison et la raison avec l'onction du complaisant demi-dieu, la liberté. L'éducation de « l'enfant privatisé » n'est plus dévolue à la société. Elle est entretenue dans les mains nues d'un père ou d'une mère qui connaît ses droits plus que ses devoirs.
C'est la rentrée et pour certains parents en dérangement, c'est le ouf de soulagement qui sonne avec la cloche de l'encadrement. L'enclos des gazouillis est ouvert de nouveau, le bétail de marmaille de pagaille ira se faire dresser par des maîtres dont la taille de l'autorité ne vaut même pas un mètre. L'école est devenue un vaste parking plein de taquins machins sans frein. Le premier de classe sera devant tous ses camarades sans connaitre son rang ou sa place dans la société ; sans savoir être ou faire ce qu'il faut pour être sociable ou social.
Parce que dans la société, le premier n'a pas forcément tout appris par cœur mais plutôt avec le cœur. Dans la société, le premier n'est pas forcément celui qui a dépassé les autres, c'est parfois celui qui se met derrière les autres sans être le dernier. Et ce n'est ni l'argent ni le matériel qui donne les bonnes notes en société. C'est le respect et la dignité qui donnent de la valeur aux hommes.
Il faut apprendre à nos enfants les bonnes manières, les bonnes pratiques en société. C'est pourquoi, il faut leur inculquer l'instruction civique, afin qu'ils soient préparés à jouer leur rôle futur dans l'édification de la nation. Au regard du contexte, tout porte à croire que le vrai Burkinabè de demain, ce n'est pas seulement celui qui a la tête ou les poches pleines. C'est celui qui aura le poing sur le cœur serré.
Il faudra donc au-delà de la caboche, avoir du cran pour être à la hauteur. Il n'y a pas que le diplôme pour aimer son pays. Il faut de la volonté et surtout de la fierté de faire toujours de ce pays une priorité. Demain, il faudra garder la tête bien-pensante sur les épaules, montrer ses mains laborieuses et prouver qu'on a prêté mainforte à la cause commune et qu'on n'a pas fait mainmise ou main basse sur la chose publique.
Il faut faire de notre école une institution qui va au-delà de l'instruction théorique pour être un jaugeur d'homme aux vertus pragmatiques, aux vertus civiques ; ces hommes qui sont prêts à aller au charbon sans retrousser les manches ; ces hommes qui se jettent à l'eau avant d'apprendre à nager. Parce que le Burkina Faso doit continuer à marcher debout. Alors, sauvons l'école de demain à deux mains !