Au Niger, neuf personnalités réputées proches de l'ancien pouvoir renversé et accusées de complot contre l'Etat perdent provisoirement leur nationalité.
Au Niger, le décret du président de la junte Abdourahamane Tiani, annonçant la déchéance provisoire de la nationalité nigérienne de ces neuf personnalités a été publié ce jeudi 10 octobre.
Parmi les personnes déchues de leur nationalité, se trouve Amadou N'gade Hamid, ancien conseiller en communication du président déchu Mohamed Bazoum.
Joint par la DW, Amadou N'gade Hamid a refusé de commenter la perte de sa nationalité, qualifiant tout de même le décret de "non-événement ne méritant pas d'être commenté".
Des ONG dénoncent une mesure illégale
Les organisations de défense des droits de l'Homme ont été les premières à critiquer le décret, estimant qu'il foulait aux pieds les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Niger.
Selon Moussa Tchangari, secrétaire général de l'association Alternative espaces citoyens "il s'agit d'une décision très grave, et aucun défenseur des droits de l'Homme ne peut soutenir ou justifier cette mesure. Nous appelons les autorités à respecter les instruments juridiques ratifiés par le Niger, notamment ceux qui interdisent aux Etats de créer des situations où des personnes peuvent se retrouver sans nationalité. L'apatridie."
En face, Abdoul Karim Mamalo, président du Parti de masse pour le travail (PMT) Albarka soutient qu''il s'agit de personnes qui ont décidé de tourner le dos au Niger, et ces personnes sont apatrides. Ils ont décidé de renoncer à leur patrie et à leur nationalité. Donc cette décision du chef de l'Etat corrobore la volonté de ceux qui veulent tourner le dos à leur pays".
Un nouveau message adressé aux voix critiques
La publication de ce décret contre les anciens collaborateurs du président Mohamed Bazoum est un signal fort pour toutes les voix dissidentes au Niger, mais aussi au Mali et au Burkina, estime le journaliste burkinabé Newton Ahmed Barry.
Il estime que "les juntes de l'alliance des Etats du sahel se donnent tous les moyens, même les plus inédits et plus inattendus pour éviter les personnes qui ont des voies critiques. C'est une utilisation malheureuse d'un pseudo droit qui consiste à dénaturaliser les citoyens."
Ce décret fait suite à un arrêté pris en août dernier par le pouvoir nigérien et portant création d'un fichier de données relatives aux personnes et groupes de personnes impliqués dans des actes de terrorisme.
Parmi les neuf hommes "provisoirement déchus de la nationalité nigérienne" figurent aussi les généraux Mahamadou Abou Tarka, Karingama Wali Ibrahim, Daouda Djibo Takoubakoye, tous considérés comme proches du président renversé Mohamed Bazoum.