Madagascar: Bailleurs de fonds - Le FMI reste ferme sur la Jirama et le prix des carburants

Les émissaires du Fonds Monétaire International ont émis des «observations préliminaires» sur la situation macroéconomique de la Grande île, dans le cadre de la première revue pour la FEC et la FRD.

Cela n'a pas tardé. Les émissaires du FMI, qui étaient en mission à Madagascar dans le cadre de la première revue de la FEC et de la FRD, n'ont pas tardé à livrer des «observations préliminaires». Les situations de la Société Nationale d'Eau et d'Électricité, ainsi que du secteur pétrolier aval, ont été évoquées avec dextérité par les missionnaires, qui ont bouclé hier la première revue.

L'équipe de Bretton Woods les a indexés à la liste des priorités d'action à entreprendre. En ce qui concerne la Jirama, sa situation délicate a été soulevée, en passant par les défis auxquels elle est confrontée. Entre autres, une production d'électricité insuffisante et inefficiente, des pertes importantes pendant les phases de transport, de distribution et de commercialisation, et des tarifs d'électricité inférieurs aux coûts, ce qui contribue aux pertes financières qui doivent être couvertes par des transferts de l'État. Les recommandations du FMI sont de correctement budgétiser les transferts à la Jirama et de les réduire progressivement.

Mais aussi de jouer la carte de la transparence. «Pour une plus grande transparence et une plus grande responsabilisation, les comptes financiers de la Jirama devraient être publiés en temps opportun. Le plan de redressement que prépare la nouvelle équipe de direction de la compagnie avec l'assistance technique de la Banque mondiale devrait permettre de réduire progressivement les transferts de l'État et être rapidement mis en oeuvre avec l'appui résolu de l'Exécutif», peut-on lire dans le document.

Contenir l'écart

Par ailleurs, la gestion du secteur pétrolier aval reste aussi un des points sur lesquels le FMI est intransigeant. «Il est essentiel d'appliquer effectivement le mécanisme d'ajustement automatique des prix des carburants pour réduire les risques budgétaires», indiquent les observations préliminaires du FMI. On explique par ailleurs que «L'objectif de ce mécanisme n'est pas de supprimer immédiatement la subvention aux prix des carburants, mais de contenir l'écart entre les prix à la pompe et les prix de référence en ajustant les prix à la pompe tous les mois pour tenir compte de l'évolution des prix du marché.»

Le décret portant sur l'application du mécanisme d'ajustement des prix maxima affichés à la pompe pour le second semestre de cette année prévoit -200 ariary en cas de baisse et +200 ariary en cas de hausse des prix du carburant. L'État s'est néanmoins gardé une marge de manoeuvre en stipulant dans ledit document que «La valeur de cette fourchette de bande de prix peut être redéfinie par l'Administration selon l'évolution de la conjoncture», peut-on lire dans le décret. Le texte ne précise pas si la redéfinition peut se faire à la hausse ou à la baisse.

Pour le FMI, «Les dispositions réglementaires semestrielles relatives au calcul des prix de référence et au mécanisme d'ajustement des prix doivent être discutées avec les distributeurs de carburant et publiées avant le début de chaque semestre auquel elles s'appliquent», indiquent les observations sommaires du FMI. Par ailleurs, pour le secteur pétrolier aval, il y a aussi la question des dettes croisées engagées entre les pétroliers et l'État. «Les négociations avec les distributeurs de carburant devraient reprendre afin d'apurer les dettes croisées dans le cadre du budget 2024», indique le rapport.

La hiérarchisation des projets d'investissements publics a aussi été évoquée. Cela permettrait, selon les analyses pointues des analystes du FMI, «d'accroître l'efficience des dépenses», en tenant compte des enjeux du siècle, notamment le changement climatique et la résilience. «Les projets devraient aussi tenir compte des contraintes de capacité de mise en oeuvre et s'accompagner d'études de coûts appropriées, y compris les coûts d'entretien et d'exploitation des infrastructures existantes. Les sources de financement doivent être soigneusement envisagées et s'appuyer, dans la mesure du possible, sur des dons extérieurs et des financements concessionnels, et éviter de compromettre la viabilité de la dette», indique le rapport de mission des émissaires du FMI. La revue physique s'est terminée hier, mais les séances de travail se poursuivront virtuellement.

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