Cameroun: Marchés financiers - L'impact des rumeurs sur la santé de Paul Biya au pays

12 Octobre 2024

Les récentes rumeurs concernant l'état de santé du président camerounais Paul Biya ont eu des répercussions notables sur les marchés financiers, tant à l'échelle internationale que régionale. Cette situation met en lumière la sensibilité des investisseurs aux incertitudes politiques dans le pays.

Malgré les démentis officiels du gouvernement camerounais, affirmant que le chef de l'État "se porte bien" et qu'il "rejoindra le Cameroun dans les prochains jours", les investisseurs semblent rester prudents. René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement, et le Cabinet civil de la Présidence ont tenté de rassurer l'opinion publique, mais l'absence prolongée du président, âgé de 91 ans, continue d'alimenter les spéculations.

Sur les marchés internationaux, l'impact s'est fait sentir principalement sur les obligations du Cameroun. Selon Bloomberg, les obligations en dollars du pays ont connu une baisse pendant trois jours consécutifs. L'eurobond émis en juillet dernier, avec une échéance en 2031, se négociait à 96,915% de sa valeur initiale le 9 octobre 2024. Cette situation pourrait entraîner des coûts de refinancement plus élevés pour le Cameroun si elle persiste.

Cependant, les analystes soulignent que les investisseurs sont moins préoccupés par l'état de santé du président que par le mécanisme de succession qui serait mis en place en cas d'incapacité. Thys Louw, gestionnaire de portefeuille chez Ninety One UK Ltd, explique : "La question sera celle de la succession, et naturellement, cela pourrait créer une certaine volatilité."

Les agences de notation, telles que Fitch Ratings et S&P, considèrent depuis longtemps la succession de Paul Biya comme un facteur de risque pour les investisseurs. Elles soulignent l'absence de plan de succession clair et les tensions politiques internes comme des éléments pouvant affecter la stabilité économique du pays.

Sur le marché domestique, en revanche, la réaction a été plus mesurée. À la BVMAC (Bourse des Valeurs Mobilières d'Afrique Centrale), où le Cameroun a coté plus de 41 millions d'obligations pour un encours de 406,5 milliards FCFA, aucune fluctuation significative n'a été enregistrée. Cette stabilité s'explique en partie par le mécanisme de débit d'office mis en place par la Banque Centrale, qui garantit les remboursements et rassure les investisseurs locaux.

En conclusion, bien que les rumeurs sur la santé de Paul Biya aient eu un impact sur les marchés internationaux, le marché domestique reste relativement stable. Cette situation met en évidence l'importance de la stabilité politique pour la confiance des investisseurs et souligne les défis potentiels liés à la transition politique au Cameroun.

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