Au Soudan, alors que les combats continuent de faire rage dans la ville d'El-Fasher, capitale du Darfour du Nord, Médecins sans frontières tire la sonnette d'alarme.
Situé à quelques kilomètres de la ville d'El-Fasher, le camp de Zamzam accueille près d'un demi-million de déplacés qui ont fui les combats entre l'armée régulière et les paramilitaires. Il y a quelques semaines, la famine y a été officiellement déclarée. Quelques camions d'aide humanitaire ont pu arriver, mais ce n'est pas suffisant, déplore Michel Olivier Lacharité, directeur des urgences à MSF.
Il y a un mois, l'ONG a ainsi dû interrompre la prise en charge des enfants « moyennement mal nourris ». Au début de la semaine dernière, elle a finalement stoppé ses activités en ambulatoire. « Aujourd'hui, il ne subsiste que notre hôpital de 80 lits qui prend les enfants qui sont dans un état le plus critique, ce qui veut dire que les 5 000 autres, renvoyés en traitement, sont aujourd'hui dans un risque important de mourir, alerte Michel Olivier Lacharité. Alors même que la situation se détériore et où l'on devrait augmenter la prise en charge, faute d'approvisionnement, nous sommes contraints d'arrêter nos activités au Darfour. »
Malgré quelques « améliorations mineures » observées ces derniers mois, Médecins sans frontières parvient difficilement à accéder aux zones contrôlées par chaque camp, en raison des freins du camp adverse. « Nous sommes dans une dynamique de blocage où les parties du conflit empêchent, ou du moins, ne facilitent pas de l'arrivée massive dans les zones qui sont contrôlées par l'autre partie », constate le directeur des urgences.
Et l'accélération des combats à Khartoum et El-Fasher depuis quelques semaines n'arrange rien. « Il est clair que l'intensité des combats peut empêcher l'accès à El-Fasher, mais il redessine aussi tous les flux d'approvisionnement et donc, chaque mois, on doit revoir par où les camions peuvent passer », conclut Michel Olivier Lacharité.