Un commando de légionnaires vigoureux saute sur le Contre-amiral Joseph Fouda.
On l'appelait « l'homme en blanc » quand il était « Aide de Camp ». Il arborait alors avec élégance sa tenue d'officier supérieur des forces navales du Cameroun. Avec la même élégance, il est depuis quelques années en veste noire. Mais toujours comme la silhouette du chef de l'Etat.
Je ne veux pas vous encombrer en vous rappelant que ce marin tient le gouvernail du navire amiral de la sécurité rapprochée du président de la République depuis 30 ans. Ceci jusqu'à la plus profonde intimité du palais et des résidences présidentielles. A part la pointure des chaussures et la taille, il est l'ombre, la silhouette du chef de l'Etat. Il est celui qui, rare parmi les officiers supérieurs de l'Armée camerounaise, voit le président de la République tous les jours. Dès le point du jour et parfois jusqu'au-delà du crépuscule.
Les proches, dans les appartements présidentiels privés, affirment d'ailleurs que les deux hommes n'ont pas d'heure précise pour se quitter, ni de jours précis pour se voir. On dira que c'est l'homme qui murmure à l'oreille du président. Quand il le veut et n'importe où que ce soit. De quoi parlent-ils ? Large et vaste question. Pour tout dire, des secrets d'Etat. C'est ce qui fait de lui, la bouche la plus écoutée des oreilles du Président de la République.
Un tel homme a du pouvoir. Au moins parce qu'il est chargé de garder celui qui a le pouvoir. Un tel homme est craint et redouté. Heureusement que le Contre-amiral Joseph Fouda est d'une discrétion proverbiale. Même dans son village natal, Binguela (Mefou et Akono), beaucoup n'arriveraient pas à le reconnaître ou à l'identifier dans une foule. Un tel homme peut être porté à l'extravagance, à l'outrecuidance ou à la domination zélée sur les plus faibles.
Pourtant il est la note muette dans l'entourage très immédiat de Paul Biya. Officier supérieur derrière le Président de la République, il privilégie l'honneur et la fidélité. A côté du Chef de l'Etat, priment pour lui l'honneur et la fidélité. Devant Paul Biya, le Contre-amiral Joseph Fouda est un homme d'honneur et de fidélité.
Malgré tout cela, l'audace outrancière et déplacée de certains camerounais aux cerveaux mal aboutis est toujours active. La cupidité n'a pas encore atteint sa ménopause et fait encore des escrocs, des usurpateurs de titre et des crapules qui se baladent en liberté dans la République. Ils n'ont peur de rien ni de personne. Au contraire, ils utilisent ce qui devait les épouvanter comme armes ou outils dans des besognes de flibustiers, de bandits de grands chemins, bref de pauvres types. La preuve : un filou patenté, reconnu dans le « who's who » international de l'escroquerie et de la grande arnaque, a utilisé le nom et l'identité du Contre-amiral Joseph Fouda, ci-devant conseiller spécial du président de la République, pour une opération d'escroquerie d'un niveau industriel.
Les réseaux sociaux, habitués à faire de la publicité à toutes sortes de roublards en divagation dans la nature et une certaine presse sous la pression des lobbies qui ravagent, comme un incendie de forêt, les hautes sphères de la République, en ont fait des tonnes au sujet d'une vaste escroquerie organisée par un ancien bagnard. Le général se retrouve, malgré lui, au front de la guerre de succession qui ébranle le Cameroun.
Le marin et le malin
La vedette de cette scabreuse affaire a un nom qu'il ne faut prononcer qu'après avoir fait le signe de croix. Dans son curriculum vitae, on découvre que c'est lui qui, sur des plateaux de stations de télévisions et de radio locales, racontait comment il avait été sauvagement, bestialement et régulièrement enfourché (au quartier on dit fracassé) par un ministre de la République (dont nous taisons le nom) dans des hôtels de la capitale. C'était pendant la grande effervescence du monstrueux « Top 50 des plus grands homosexuels du Cameroun ». Une arnaque honteuse, une escroquerie abjecte, un mensonge nauséabond, organisé autour et au nom d'un monsieur qui a bâti sa réputation sur la discrétion, l'honneur, la fidélité et la loyauté au président de la République.
Sur les mêmes plateaux de stations de télévisions et de radio où il racontait les indécentes contrenatures aventures d'un ministre, il dévoila et dénonça ceux qui (selon lui) l'avaient inspiré et soudoyé pour répandre ces accusations mensongères et calomnieuses. Il demanda pardon au Ministre. On apprit de sa bouche, dans les mêmes médias qui avaient relayé ses ineptes accusations que sa maladie n'avait rien à voir avec une imaginaire relation sexuelle contre-nature avec le ministre mis en cause. Un dangereux maître-chanteur venait d'entrer en scène dans la République. Un menteur hautement nocif. Surtout quand il veut subtiliser quelque chose chez les hautes personnalités de la République. Et pire encore, quand il veut jouer au mercenaire cupide pour des prétendants impatients et lâches, dans la guerre pour la succession à Paul Biya.
L'ombre du président, président de l'ombre
Ainsi, c'est donc une crapule incurable, doublé d'un escroc endurci et d'un maître-chanteur constipé qui a cru pouvoir accéder à la félicité et à la prospérité en mêlant le nom, l'autorité et le prestige du Contre-amiral Joseph Fouda. Une énième opération d'escroquerie, d'arnaque et de vols à main armée chez de hautes personnalités d'ici et d'ailleurs.
Ceux qui ont utilisé ce « Zorro » comme munition pour tirer sur le Contre-amiral Joseph Fouda, se sont assis avec des étincelles sur une poudrière. Trente années passées derrière un homme mystérieux, on fait de Joseph Fouda un mystère. Trente années derrière le plus haut, le plus ancien fonctionnaire au grade le plus élevée, à la fonction la plus élevée au Cameroun, ont été une grande école, une école supérieure l'outillant à la gestion de la chose publique au plus haut niveau.
Officier supérieur respecté, redouté et craint par ses camarades d'armes de tous les grades, toutes les troupes restent et resteront au garde à vous à son passage. Le Contre-amiral Joseph Fouda n'a pas que des étoiles sur les épaules. Il en a de plus éclatantes sur le front. Sur le front de la succession. Sur son front. Ce sont celles-ci qui éblouissent les grandes chancelleries occidentales qui régulent, en secret, la vie des Etats africains.
La transition diplomatique nous épargnerait ainsi du chao d'une transition démocratique. On se rappellera ces mots forts, mais anodins pour tout le monde lorsqu'ils furent prononcés par le président Paul Biya, quand il recevait cet officier des forces navales comme nouvel aide de camp du chef de l'Etat : « Vous avez l'étoffe... » Quelle étoffe ? La vérité arrive. L'escroc patenté sera abandonné par ceux qui lui ont donné un fusil rouillé pour abattre le Contre-amiral Joseph Fouda.
Trente bonnes années aux côtés de Paul Biya, ce n'est pas 30 jours. « Wait and see » , « Qui vivra verra » . Et « çà, ça va se savoir ».