Le Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, recherche les évadés de la Prison centrale de Makala ayant récidivé ou commis d'autres infractions répréhensibles.
Sans préciser de quelle évasion il s'agit, Firmin Mvonde a instruit dans une lettre, depuis vendredi 11 octobre, tous les Procureurs généraux d'activer tous les mécanismes de droit pour rechercher activement ces évadés, les arrêter et les traduire devant les juridictions compétentes afin qu'ils répondent de leurs forfaitures.
Dans sa lettre, le Procureur général près la Cour de cassation, affirme que des méfaits sont commis depuis près de 3 semaines par d'anciens détenus de la Prison centrale de Makala qui en sont sortis « en dehors de tout critère légal ».
Certaines sources proches du parquet général près la Cour de cassation ont rapporté à Radio Okapi que l'esprit de la lettre du Procureur général vise des personnes ayant bénéficié de la liberté conditionnelle grâce à un arrêté signé par le ministre de la Justice, Constant Mutamba, depuis plus d'un mois.
Ces sources rappellent que pour bénéficier d'une libération conditionnelle, la loi fixe un critérium à remplir notamment avoir été condamné définitivement sans possibilité d'une voie de recours, avoir consommé un quart de sa peine, s'être amendé durant l'emprisonnement et avoir les moyens de survie à la cité pour ne plus récidiver. Toute personne libérée de la prison en violation de ces conditions est considérée par la loi sur le régime pénitentiaire comme étant évadée, précisent ces sources.
Le procureur général près la Cour de cassation déplore des crimes récidivistes
Et, dans sa lettre, Firmin Mvonde note que depuis près de trois semaines, il s'observe à Kinshasa la recrudescence des cas d'extorsion, de vol qualifié par effraction ou à l'aide des violences, voire à main armée (armes à feu ou armes blanches) et d'attentat à la vie humaine.
Il cite le cas du meurtrier Ifombo Engeya Moise alias Tshululu Kagame, condamné à la peine de mort par le Tribunal de grande instance de Kinkole pour association des malfaiteurs en juillet dernier, et qui vient à nouveau d'être condamné à la même peine le 10 octobre par la même juridiction pour tentative de meurtre, extorsion et évasion de détenu.
Tel aussi est le cas de Kabamba Blaise, un magistrat condamné à 36 mois de servitude pénale principale en janvier de cette année et qui s'est pourvu en cassation en avril dernier pour tortures corporelles sur une dame. Les images affreuses de ses actes étaient devenues virales sur la toile et avait suscité un tôlé et une indignation au sein de l'opinion publique.
« Nos efforts pour moraliser le comportement des magistrats appelés à être un corps d'élites ne devraient pas reculer devant une telle supercherie », écrit le Procureur.
Ces évasions, dit-il, « ne vont pas décourager le ministère public qui, sans désemparer, s'assumera pour réprimer des infractions ».
Réaction de Constant Mutamba
Après la publication de la lettre du Procureur général près la Cour de cassation, le ministre de la Justice et Garde des sceaux, Constant Mutamba, a écrit, ce dimanche 13 octobre, sur compte X (twitter) que « les désengorgements des prisons, amorcés dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme d'actions du Gouvernement Suminwa, sur instructions du Magistrat suprême, sont légaux et réguliers ».
Constant Mutamba y affirme que ce sont les commissions constituées des magistrats et agents pénitentiaires qui proposent au ministre de la Justice les listes des prisonniers pouvant bénéficier de la libération conditionnelle, conformément à la nouvelle loi pénitentiaire.
« Rien n'arrêtera cet engagement ferme du Gouvernement à humaniser nos prisons et cachots, et à veiller à la régularisation des emprisonnements. Le salut du peuple est la loi suprême », conclut le ministre de la Justice dans cette publication.