Madagascar: La question de la santé mentale émerge timidement

Santé mentale

À Madagascar, le tabou autour de la santé mentale se lève progressivement. C'est en tout cas la mission que s'est donné, vendredi 12 octobre, le petit monde des acteurs impliqués sur le sujet - des professionnels de santé et associations - lors d'un salon ouvert au grand public, à Antananarivo. Un événement rare sur l'île où les troubles mentaux, synonymes de honte, sont souvent ignorés et difficilement soignés.

29 millions d'habitants et seulement 24 psychiatres en exercice à Madagascar. Ce taux est plus de deux fois moins important que la moyenne africaine et 250 fois inférieur aux recommandations internationales fixées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pourtant, les besoins sont immenses, assure Stacy Rakotondrazanany, membre de l'Ordre national des psychologues de Madagascar.

« La pauvreté se fait vraiment sentir et l'environnement est très anxiogène actuellement. C'est ce qui conduit à des maladies mentales. Ce qui est souvent évoqué, c'est l'aspect dépression, l'aspect anxiété, les troubles psychotiques ou encore les troubles anxieux. Et c'est face à une explosion qu'ils [les personnes malades] finissent pas consulter », explique Stacy Rakotondrazanany.

Ce sont là des facteurs de risque révélés, plus nettement, par la pandémie de Covid-19 aux conséquences socio-économiques dévastatrices pour la santé mentale des Malgaches. Néanmoins, la prise en charge de ces troubles reste compliquée par des détections tardives et des rejets du diagnostic.

« Certains arrêtent leur traitement médicamenteux »

Docteur Nambinina Rasolofotsialonina est psychiatre à Antananarivo. En moyenne, sur cinq de ses patients détectés bipolaires ou schizophrènes, seul l'un d'entre eux parvient à accepter la maladie et le traitement adapté.

« Dans n'importe quel pays, c'est difficile d'accepter le diagnostic d'une maladie chronique de ce type. Cela prend du temps mais la considération culturelle aggrave la situation. Les patients vont se détourner du diagnostic et penser que c'est de la sorcellerie. Certains arrêtent leur traitement médicamenteux. », souligne le docteur Nambinina Rasolofotsialonina.

Reconnaître et soigner les troubles mentaux est, de l'avis des professionnels, une urgence de santé publique. Il faut désormais, disent-ils, l'intégrer pleinement à l'agenda politique, après une timide émergence du sujet en société.

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