Afrique: L'épineux problème des déchets électriques et électroniques

De la fumée monte des déchets en train de brûler dans la décharge de Dandora à Nairobi. L’interdiction des sacs en plastique au Kenya a permis de réduire la quantité de déchets plastiques, mais il y en a encore beaucoup.

Selon un rapport des Nations unies, en 2022, 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produites à l'échelle mondiale. À ce rythme, on devrait atteindre les 82 millions de tonnes de déchets en 2030. Mais seulement 22,3% ont été recensées comme étant officiellement collectées et recyclées. En raison de ce faible taux de recyclage, des tonnes de déchets finissent chaque année sur le continent africain.

Avec ses intenses fumées noires, la décharge d'Agbogbloshie, au Ghana, est l'une des plus grandes et des plus connues d'Afrique. Mais sa triste renommée n'en fait pas une exception. Au Nigeria, mais aussi au Togo, au Bénin ou en Côte d'Ivoire, on trouve des décharges semblables où sont démontés, brûlés, désossés des déchets électriques et électroniques de toutes sortes. Pour quelques francs CFA, des jeunes, parfois des enfants, s'acharnent sur des machines à laver ou de vieux téléphones portables pour en extraire quelques grammes de matériaux précieux comme l'or ou le cuivre.

Selon l'Organisation internationale du travail, plus de 16 millions d'enfants travaillent dans le secteur industriel, dont le traitement des déchets. Une activité qui présente des risques très élevés sur leur état de santé et sur l'environnement : retard du développement neurologique en raison de l'exposition au plomb, diminution des capacités pulmonaires et respiratoires provoquées par l'inhalation de fumées toxiques...

Les activités de recyclage des déchets électroniques sont responsables de l'émission de quelque 1 000 substances nocives telles que le mercure, le nickel ou les retardateurs de flamme. Ces polluants toxiques empoisonnent les forçats des déchets électroniques, mais aussi le sol, l'air et l'eau. Et ils affectent des communautés qui vivent parfois loin de ces sites de recyclage informels.

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La Convention de Bâle, un outil sans effet

Depuis son entrée en vigueur en 1992, la Convention de Bâle interdit pourtant l'exportation de déchets dangereux d'un pays vers un autre. Mais de nombreux pays occidentaux continuent de les exporter, principalement vers l'Afrique. Pour contourner cette législation et éviter ainsi le coût de la dépollution, ces pays exportateurs présentent une grande partie de leurs équipements défectueux comme des appareils d'occasion devant être réutilisé. Un tour de passe-passe qui désole Edem d'Almeida, créateur D'Africa Global Recycling à Lomé :

« Tout le monde veut avoir accès à la technologie. Tout le monde veut un réfrigérateur ou un téléphone portable, mais dans des pays où le Smic est à moins de 100 euros, personne ne peut les acheter neuf, d'où l'importance du recyclage et des produits de seconde main. C'est une économie grâce à laquelle vit l'Afrique. Mais le problème, c'est qu'une grande quantité de ces équipements arrivent sur le continent alors qu'ils ne sont plus réparables et finissent dans nos décharges. Donc, il ne faut pas résumer ce problème au trafic de déchets développés par des organisations criminelles, mais plus globalement à l'ensemble des équipements de seconde main qui finissent en déchets. »

Selon Edem d'Almeida, la quantité de déchets électroniques sur le continent est donc largement sous-évaluée, puisqu'elle ne prend pas en compte ce marché informel des produits d'occasions. Pour lui, c'est aux États de surveiller ce qui rentre sur leurs territoires, pour que l'Afrique ne se transforme pas en dépotoir de la planète.

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