Ile Maurice: Les dépenses passeront à plus de Rs 470 milliards en 2024

La cherté de la vie domine l'actualité politique ces joursci et s'impose comme un des principaux arguments de campagne de l'opposition. À l'échelle nationale, les dépenses de consommation des ménages ont constamment augmenté ces dernières années, soit de plus de Rs 120 milliards en trois ans.

En fait, avec une dépréciation de la roupie de 30 % vis-à-vis du dollar depuis le début de 2020, couplée à une inflation cumulée du même ordre pour la même période, les dépenses de consommation ont explosé. Sur la base des statistiques officielles publiées dans les comptes nationaux au 30 juin 2024, elles étaient de Rs 350 milliards en 2021, Rs 401 milliards en 2022, Rs 440,5 milliards en 2023 et Rs 471 milliards estimées pour l'année calendaire en cours. Une hausse moyenne de Rs 30 milliards de 2021 à 2024.

Cependant, selon les économistes, il faudra «factor in» l'impact de l'inflation sur ces chiffres de consommation, vu que les ménages déboursent plus pour leurs achats en raison des prix gonflés par l'inflation, à hauteur de 30 % en cumulant les taux depuis janvier 2020. Et qui rappellent dans la foulée que «90 % de la perte du pouvoir d'achat résulte de cette dépréciation accélérée de la roupie face au billet vert». Ce qui fait dire aux spécialistes qu'à la base, Maurice souffre des effets d'une économie inflationniste, amplifiée depuis le transfert de Rs 60 milliards, en juin 2020, de la Banque de Maurice au Trésor public à travers la planche à billets, qui a été injectée dans le circuit économique, avec les conséquences que l'on connaît déjà.

Certes, le recours à la consommation comme levier de croissance a été privilégié par le gouvernement sortant, qui a voulu rehausser le pouvoir d'achat. Cela, en se livrant à certaines prestations sociales, dont le maintien des subsides sur les denrées de base, la hausse de la pension de vieillesse, aujourd'hui à Rs 14 000, et d'autres mesures, comme la hausse du salaire minimum à Rs 16 500 et des allocations aux salariés touchant moins de Rs 50 000, entre autres. Une façon de soutenir le pouvoir d'achat des ménages durement touché par la crise inflationniste.

Sauf qu'au final, cette masse d'argent termine sa course dans des supermarchés et alimente les caisses de la Mauritius Revenue Authority sous forme de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), celle-ci frappant indistinctement les achats, toutes catégories sociales et économiques confondues. D'ailleurs, les revenus fiscaux, plus spécifiquement ceux provenant de la TVA, ont augmenté ces dernières années, passant de Rs 36 milliards en 2018-19 à Rs 56 milliards en 2023-24.

Est-ce la bonne stratégie d'utiliser la consommation comme vecteur pour relancer la croissance ? Les avis sont partagés. Pour certains, avec un produit intérieur brut (PIB) tiré à plus de 75 % par la consommation, c'est loin d'être une stratégie soutenable économiquement dans le long terme. Ils plaident pour un PIB à base élargie, dopé par les exportations, les investissements et la consommation. D'autres économistes avancent l'endettement des ménages pour soutenir que ce modèle repose sur des prémisses fragiles. «Une analyse en profondeur des composantes de la croissance démontre déjà que l'item dit consommation ménagère représente 68 % à 70 % du PIB. Ce qui a pour conséquence une augmentation de l'endettement des ménages. On consomme plus qu'on produit», soutiennent-ils.

Or, qui dit consommation, dit forcément importation, le pays important plus de 75 % de ses produits (alimentaires et autres), avec des pressions sur les dollars qui demeurent la principale devise pour les échanges commerciaux. D'ailleurs, les experts ne cessent de tirer la sonnette d'alarme en rappelant la proportion inquiétante du déficit du compte courant d'une année à l'autre.En juin, le déficit s'élevait à plus de Rs 16 milliards. Ce qui représentait une hausse de 18 % par rapport à la même période en 2023, quand le déficit s'élevait à presque Rs 14 milliards. Cette situation déficitaire de la balance commerciale est le résultat des importations du pays qui, d'une année à l'autre, augmentent de manière conséquente et ce, par rapport aux exportations du pays qui sont toujours à la traîne.

Lutter contre la vie chère passe forcément par une roupie stable et une maîtrise de l'inflation. C'est la principale préoccupation de la majorité de la population qui souhaite entendre des principaux blocs politiques des propositions solides face à cette problématique.

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