Madagascar figure parmi les pays les moins polluants au monde. Et pourtant, c'est aussi le pays qui subit les effets néfastes du changement climatique provoqué essentiellement par les industries des pays développés. Une injustice qui doit absolument être réparée.
La table ronde sur le financement de l'action climatique qui s'est déroulée, hier au Novotel, constitue un grand pas de franchi vers la recherche de moyens financiers idoines pour relever le défi lié au changement climatique et à l'accès à l'énergie. Un défi qui nécessite pas moins de 9 milliards de dollars d'investissements et de financements.
4,2% du PIB
Les chiffres parlent d'eux-mêmes en ce qui concerne le prix à payer pour Madagascar quant aux effets néfastes du changement climatique. Comme l'a indiqué la ministre de l'Economie et des Finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, le budget malgache alloue 4,2% de son PIB par an, pour se reconstruire après les désastres climatiques.
C'était notamment le cas en 2022 après cinq cyclones successifs dont Batsirai, le plus meurtrier. Ils ont nécessité plus de 241 millions de dollars pour les projets prioritaires de redressement sur les secteurs routiers, l'électricité, l'assainissement, la création d'emploi, sur les zones de cultures et d'élevage, pour les abris communautaires et pour la protection sociale des plus vulnérables. En plus, 364,7 millions de dollars ont été alloués dans des opérations d'appui à la population, en termes de santé, d'éducation, de nutrition, de sécurité, de communication, toujours en réponse à ces catastrophes liés au changement climatique.
Ce qui fait un total de plus de 773 millions de dollars rien que pour le redressement post-cyclonique. Un montant que le budget ne peut évidemment pas couvrir. Avec ce que cela suppose de recours aux emprunts extérieurs. Des emprunts qui sont cependant limités puisque le plafond d'endettement de Madagascar est encore limité à 800 millions de dollars par an.
Bonne option
Dans tous les cas, les besoins d'investissements restent encore très importants pour relever le double défi énergétique et climatique. Durant son intervention, le ministre de l'Energie et des Hydrocarbures, Olivier Jean Baptiste a indiqué que pour parvenir à l'objectif d'accès universel à l'électricité, il faut environ 7 milliards d'ariary d'investissements ou de financements privés ou publics.
Par ailleurs, chaque année, il faut environ 2,4 milliards de dollars de financements ou d'investissements pour la stratégie de réponse aux effets du changement climatique. Ce qui fait environ 9,4 milliards de dollars de besoins financiers. Cette recherche de moyens financiers et stratégiques adéquats est justement le principal objectif de la table ronde d'hier.
Une bonne option quand on sait que les deux plus grands bailleurs de fonds que sont le FMI et la Banque mondiale s'associent pour cette initiative. Sur ce point d'ailleurs, on rappelle que Madagascar a été choisi comme pays pilote dans le cadre du travail commun renforcé entre le FMI et la Banque mondiale pour stimuler l'action en faveur du climat. Un choix qui témoigne de la confiance des bailleurs de fonds par rapport aux efforts de redressement réalisés à Madagascar.