Diamniadio — Des membres du secteur privé, des leaders d'organisations patronales et des militants de la société civile ont salué la qualité du nouveau document de politique nationale de développement présenté par le gouvernement sénégalais, lundi, à Diamniadio (ouest), en invitant les autorités en même temps à une "alliance stratégique" autour de sa mise en oeuvre.
Ils intervenaient à la présentation du programme "Sénégal 2050", en présence du président de la République, du Premier ministre et d'autres membres du gouvernement.
"Le contenu [...] présenté nous convient parfaitement", a réagi Antoine Ngom, le président de l'Organisation des professionnels des technologies de l'information et de la communication.
S'il trouve le nouveau programme de développement pertinent, M. Ngom tient à signaler toutefois que "sa mise en oeuvre [...] sera le plus grand défi à relever".
Les pouvoirs publics et le secteur privé doivent constituer une "alliance stratégique" en vue d'une bonne mise en oeuvre de cette politique nationale, a-t-il proposé.
Une "question d'une particulière sensibilité"
Ousmane Sy Ndiaye, le secrétaire exécutif de l'Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS-Jappo), a également invité le gouvernement et le secteur privé à entretenir une étroite collaboration en vue de l'exécution du nouveau programme. Pour cela, ils doivent créer un espace de dialogue, a-t-il suggéré.
"Le dialogue permettra de définir les priorités" du pays, a dit M. Ndiaye, invitant les autorités gouvernementales à créer des mécanismes capables de "protéger les petites et moyennes entreprises de la concurrence déloyale des entreprises étrangères".
Le secrétaire exécutif de l'UNACOIS-Jappo propose aussi la création, par l'État et le secteur privé, de "mécanismes" permettant de "formaliser le secteur informel".
Oumahani Bocar Sall, une cheffe d'entreprise, a exhorté le gouvernement à prêter main-forte à la filière peaux et cuirs, qu'elle trouve encore "sous-exploitée" au Sénégal.
L'Italie est un pays très avancé dans la promotion de ce secteur d'activité, a-t-elle signalé, estimant que le Sénégal a les potentialités nécessaires pour créer un marché des peaux et cuirs très dynamique.
Korka Diaw, une cheffe d'entreprise intervenant dans la riziculture dans le nord du pays, a tenu à attirer l'attention du président de la République et de ses collaborateurs sur "les défis" à relever en matière d'aménagement des terres et d'accès au financement pour les entrepreneurs agricoles.
Elle a demandé aux autorités gouvernementales de fournir davantage d'équipements aux agriculteurs et de les aider à supporter le "coût élevé" de l'électricité en recourant à diverses sources d'énergie.
Elimane Haby Kane, le leader de Legs-Africa, une organisation de la société civile, a exhorté les pouvoirs publics à associer les groupes de recherche privés à l'élaboration des politiques publiques, le document de politique nationale de développement par exemple. Ces organisations, en raison de leur travail de travail, connaissent bien les besoins des populations, selon M. Kane.
Le dirigeant de Legs-Africa a invité aussi le président de la République à prendre des "mesures fortes et audacieuses", concernant les prochaines réformes institutionnelles.
"Nous allons prendre nos responsabilités"
Elimane Haby Kane a appelé aussi les autorités sénégalaises à renforcer le contrôle et l'évaluation des politiques publiques.
M. Kane a estimé que le document de politique nationale de développement ne prend pas en compte les questions monétaires, une remarque que ne partage pas le secrétaire général du gouvernement, Ahmadou Al Aminou Lo.
D'autres intervenants, dont le Premier ministre et le ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, se sont appesantis sur la dimension de la monnaie dans les politiques publiques sénégalaises.
Le gouvernement travaille de "façon méthodique [...] sur cette question d'une particulière sensibilité", a assuré Ousmane Sonko.
Concernant la monnaie, le Sénégal se concerte avec les autres pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, a signalé M. Sonko.
"Si les initiatives [de ces deux organisations] ne donnent pas de résultats" satisfaisants, "c'est à ce moment-là que nous allons prendre nos responsabilités", a martelé le chef du gouvernement, ajoutant : "Voilà notre position sur la question du franc CFA. Rien n'a changé."
Le document de politique nationale de développement est encore provisoire, a signalé le Premier ministre en citant, à ce sujet, le président de la République.
Des échanges qui ont eu lieu lors de sa présentation naîtra sa dernière version, selon Ousmane Sonko.