Le gouvernement malgache vient de prendre un arrêté interministériel pour interdire le gaspillage de l'eau dans la capitale et ses environs. Une décision en forme de « mesure d'urgence » alors que la région des Hauts-Plateaux connaît une grave pénurie d'eau. Objectif ? Provoquer un changement des mentalités et pousser les plus aisés, en particulier, à restreindre leurs besoins non vitaux pour une répartition plus équitable de la ressource.
Dans la capitale malgache, des habitants qui ne dorment plus la nuit, trop occupés à chercher des bornes-fontaines qui fonctionnent encore pour y remplir quelques bidons d'une eau devenue rare, côtoient encore et toujours des milliers de 4x4 rutilants malgré la poussière rouge qui recouvre la ville.
Face à ce genre de situation inique, le gouvernement vient d'imposer aux habitants d'Antananarivo des mesures de rationalisation de l'eau fournie par la Jirama, la compagnie nationale de distribution d'eau et d'électricité de Madagascar. « Quand des personnes vulnérables sont touchées par le manque d'eau et qu'il y en a d'autres qui l'utilisent encore pour arroser leur pelouse, remplir leurs piscines ou pour laver leur voiture à gros jet, il y a une forme d'iniquité manifeste », expose Lalaina Andrianamelasoa, le ministre de l'Eau, de l'Assainissement et de l'Hygiène.
Depuis le 9 octobre, date d'entrée en vigueur de l'arrêté, des agents du ministère de l'Eau parcourent donc les quartiers nantis de la capitale pour sensibiliser leurs habitants aux utilisations « non vitales de l'eau » et faire respecter la nouvelle réglementation. « Nos agents peuvent appeler les forces de l'ordre pour faire respecter la loi et verbaliser si besoin », précise le ministre.
« Notre priorité la plus urgente reste la fourniture de l'eau à la population »
Le montant de l'amende est de 500 000 ariary (environ 100 euros), selon le Code de l'eau, un texte actuellement en cours de révision et dont la nouvelle version pourrait être présentée d'ici la fin de l'année. La réforme de ce texte majeur qui remonte à 1999 prévoit de revoir de fond en comble la gestion de la ressource potable. Il devrait aussi de définir des usages plus vastes de l'eau et préciser toutes les infractions afférentes, souligne Lalaina Andrianamelasoa. « Notre priorité la plus urgente reste la fourniture de l'eau à la population », rappelle cependant le ministre.
Aujourd'hui, à Antananarivo et dans ses environs, plus du tiers des besoins en eau des habitants n'est pas comblé. Par ailleurs, 20 % de l'eau traitée se volatilise dans les conduites d'eau souterraines, en raison de la vétusté des installations de distribution.